Mythe #4: La stimulation des exportations, notamment en dévaluant la devise et en les subventionnant, est un bon moyen de créer de la richesse.
Lorsqu’une banque centrale annonce un assouplissement de sa politique monétaire, lequel sera accompagné d’une accélération de la création de monnaie, la réponse des marchés monétaires se traduit par une dépréciation de la devise du pays. Cela rend les exportations de ce pays moins chères aux yeux des étrangers, qui importeront davantage de biens de ce pays. On peut donc dire que la compétitivité des exportateurs de ce pays s’améliore lorsque la devise se dévalue.
Cependant, les citoyens de ce pays doivent maintenant payer plus cher pour les biens qu’ils importent d’autres pays étant donné la perte de pouvoir d’achat de leur devise. En somme, en raison de la perte de valeur de sa devise, ce pays obtient moins d’importations pour la même quantité d’exportations et sa population doit donc moins consommer (i.e. le niveau de vie a diminué).
Au bout d’un certain temps, l’inflation engendrée par la création de monnaie fera augmenter les prix, et donc les coûts de production des exportateurs, ce qui fera en sorte de réduire leur compétitivité sur les marchés étrangers. Ce sera donc le retour à la case départ, mais avec une devise dépréciée et donc des d’importations plus dispendieuses.
Par ailleurs, les supporteurs de la dévaluation compétitive tiennent mordicus à obtenir une balance commerciale positive (c’est-à-dire générer plus d’exportations que d’importations), ce qui est ridicule. Il est mathématiquement impossible que tous les pays affichent un surplus à leur balance commerciale. Autrement dit, la somme de toutes les balances commerciales de tous les pays est de zéro. Est-ce que les pays affichant un déficit commercial sont plus pauvres que ceux qui ont un surplus? Absolument pas, certains des pays ayant les déficits commerciaux les plus élevés figurent parmi les plus riches de la terre. Parmi ceux-ci, on retrouve la Nouvelle-Zélande, l’Irlande, le Portugal, la France, l’Italie, l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis.
La richesse se créée par l’accumulation et l’amélioration du capital productif de l’économie, ce qui est favorisé par une économie libre et la protection des droits de propriété. Plus ce capital est performant, plus il y a aura de production et plus il y aura de biens à exporter. C’est de cette façon qu’on s’enrichit et non pas en dévaluant son pouvoir d’achat.
https://minarchiste.wordpress.com/2010/04/08/le-culte-des-exportations/
https://minarchiste.wordpress.com/2010/09/01/les-deficits-commerciaux-demystifies/
Bonjour Minarchiste,
J’aime votre tentative de déconstruire des mythes et je suis curieux à propos de ce billet. Je ne suis aucunement économiste mais j’ai remarqué une contradiction dans votre texte. Au premier paragraphe, vous indiquez : « Cela rend les exportations de ce pays moins chères aux yeux des étrangers, qui importeront davantage de biens de ce pays » mais au second paragraphe vous dites : « ce pays obtient moins d’importations pour la même quantité d’exportations » Le pays en question as-t-il plus d’exportations ou la même quantité d’exportations? Pourriez-vous s’il-vous-plait me clarifier votre pensée car autrement il m’apparait difficile de suivire le restant de votre démarche intellectuelle, qui me semble très intéressante.
Merci de votre billet
Nic B.
Nic B., où voyez vous une contradiction ? Si votre pays est hautement inflationniste, le coût de l’exportation diminue, le coût de l’importation augmente.
Bonjour Meng Hu,
J’y vois une contradiction car votre explication, malgré qu’elle soit tout à fait valable, n’arrive qu’au troisième paragraphe dans le text de Minarchiste. Il n’explique pas son affirmation du second paragraphe disant »En somme, en raison de la perte de valeur de sa devise, ce pays obtient moins d’importations pour la même quantité d’exportations et sa population doit donc moins consommer » Peut-être etes-vous en mesure de l’expliquer pour lui. Peut-être est-ce simplement un « non sequitur » de sa part dans son text.
Merci
Nic.B.
@Nic B.
Je pense que vous interprétez mal la structure des phrases.
Lorsque la devise d’un pays se déprécie, le pays exporte plus (pour un certains temps), donc les étrangers importent plus de ce pays.
Mais comme la devise est dépréciée, les importations coûtent plus cher.
Donc, ce pays obtient moins de biens importés relativement à ce qu’il exporte (i.e. ses termes de l’échange se détériorent).
Merci de votre commentaire Minarchiste. N’ayez crainte, je comprends très bien la structure des phrases. Vous et Meng Hu semblez quelque peu sur la défensive alors que ce n’est et n’était aucunement mon intention de vous attaquer. Je ne cherchais qu’à éclairer ce qui semblait être à mes yeux une contradiction. Votre réponse est beaucoup plus concise et claire que votre billet.
Malgré que vous ayez pu croire le contraire à voir votre réaction, je trouve votre argumentaire très plausible et convaincant.
Merci de vos explications
Nic B.
La source de ce mythe ne serait-il pas le gain court terme au profit du gain long terme?
De ce que peut comprendre la formule de GDP (PID) étant la suivante:
GDP = private consumption + gross investment + government spending + (exports − imports)
L’augmentation de la balance commerciale stimule à court terme la croissance. Les gouvernements l’utilisent en temps de récession pour compenser la baisse du « private comsumption » et du « gross investment » pour éviter de tomber en décroissance (ce que les keynésiens veulent éviter le plus possible).
Mais je comprends bien maintenant pourquoi l’effet à long terme est négatif.
Nick F
@Nick F
« La source de ce mythe ne serait-il pas le gain court terme au profit du gain long terme? »
Absolument, votre raisonnement est juste.
Merci pour la réponse. Je ne suis pas économiste mais je trouve votre blog très informatif. J’ai récemment lu votre texte d’il y a environ un an et demi « L’histoire du libéralisme » et avoue avoir eu un déclic. Excellent texte et encore d’actualité!
Maintenant qu’on sait que le fait de dévaluer une monnaie pour améliorer la balance commerciale est une mauvaise chose, j’aimerais comprendre s’il n’y a pas de conséquence à long terme d’une balance commerciale négative. Voici ma logique, si un pays, disons le Canada, a une balance commerciale négative pendant très longtemps plus grande que la création de monnaie (i.e. l’inflation), l’effet n’est-il pas que la somme d’argent en possession de ce pays diminue? Les partenaires qui eu on eux une balance commerciale positive avec le Canada viennent réinvestir cet argent dans le pays. L’effet à long terme n’est-il donc pas que le pays se dépossède tranquillement de ces actifs?
J’ai écrit un rapide commentaire ici :
https://minarchiste.wordpress.com/2010/09/01/les-deficits-commerciaux-demystifies/#comment-2999
Mais lisez surtout l’article. Le principal argument est là.
Merci, c’est beaucoup plus clair maintenant.