L’étalon-or a engendré de nombreuses crises financières à la fin du 18 siècle et a aggravé la Grande Dépression aux États-Unis. Le Président Hoover a transformé la récession en Grande Dépression par ses politiques de laissez-faire et d’austérité.
Ce n’est pas le système étalon-or qui engendre les crises financières, mais plutôt la dérogation à ce système. À la fin du 18e siècle, les crises financières ont résulté du système bancaire à réserves fractionnaires (donc plus de notes bancaires en circulation que d’or dans les coffres).
Lors de la Grande Dépression, il est vrai que le délaissement tardif de l’étalon-or par les États-Unis (en 1933-34) a nuit à l’économie, non pas parce que ce système est mauvais, mais bien parce que les États-Unis ont effectivement abandonné le « vrai » étalon-or en 1913, lors de la création de la Federal Reserve. Entre 1913 et 1933, la masse monétaire a cru à un rythme effarant. La masse monétaire a cru de 7.7% par année entre 1921 et 1929, soit d’environ 60% au total. La Fed a permis aux banques de créer encore plus de monnaie sans or sous-jacent. Il est là le problème! L’abandon de cet étalon-or corrompu en 1933 a permis de rééquilibrer cette situation insoutenable en dévaluant le dollar à un niveau plus près de sa vraie valeur en or.
Attribuer ces problèmes à l’étalon-or est équivalent à blâmer un miroir pour sa laideur.
Quant à Hoover, c’était un interventionniste avéré. Entre les années fiscales 1930 et 1932 (sous la présidence de Hoover) les dépenses du gouvernement ont augmenté de +42%. L’administration Hoover a créé trente nouveaux départements gouvernementaux et a embauché 3,000 bureaucrates. C’est aussi Hoover qui a fait adopter la loi Smoot-Hawley, qui augmentait les tarifs douaniers de 20% à 60% et qui a eu comme impact extrêmement négatif sur le commerce international. Pour payer toutes ces dépenses, le taux d’imposition marginal le plus élevé a été augmenté à 63% en 1932.
L’autre grave erreur de Hoover a été de passer une loi pour empêcher les employeurs de baisser les salaires. Or entre 1929 et 1933, les prix à la consommation ont baissé de 25% alors que les salaires n’ont baissé que de 15%, ce qui a eu un impact très néfaste sur la rentabilité des entreprises, qui ont dû faire des mises à pied massives pour éviter la faillite. Les augmentations du salaire minimum ont aussi contribué à ce phénomène durant la Grande Dépression.
L’élection du président Roosevelt en 1932 a assuré la continuité des politiques irresponsables de Hoover. L’économiste Murray Rothbard a d’ailleurs qualifié ces deux présidents de « jumeaux idéologiques ». Selon un des conseillers de Roosevelt, du nom de Rexford Guy Tugwell, le New Deal proposé par Roosevelt était une extrapolation des programmes précédemment initiés par Hoover.
En 1934, les dépenses avaient augmenté de +97% par rapport à 1930. En 1936, l’année où le second New Deal a été mis en place, les dépenses du gouvernement avaient augmenté de +148% par rapport à 1930. Pour financer ces dépenses et réduire le déficit, Roosevelt a mis en place des augmentations d’impôts qui ont fait monter le taux marginal d’imposition à 90%.
En 1933, Roosevelt a fait adopter le National Recovery Act (NRA). Cette loi a eu comme effet de grandement réduire la concurrence entre les entreprises d’une même industrie. Elle règlementait les prix, les salaires de même que les heures de travail. Des policiers contrôlaient son application et emprisonnaient les travailleurs qui dépassaient le nombre d’heures de travail autorisé ou qui vendaient un bien ou service à un prix inférieur à celui décrété par le NRA. Selon certains économistes, le NRA a fait augmenter les coûts des entreprises de 40%. Dans les 5 mois précédent la mise en place de cette loi, l’économie semblait prendre du mieux, l’emploi étant en hausse de 23%. Cependant, dans les 6 mois suivant l’adoption du NRA, la production industrielle a chuté de 25%. Cette loi a été jugée anticonstitutionnelle par la cour suprême en 1935.
La création de monnaie a été très élevée durant la Grande Dépression. Entre Octobre 1929 (le mois du crash) et Octobre 1936, la base monétaire a augmenté de +65%. Le taux d’escompte de la Federal Reserve a quant à lui chuté de 5% à 1%.
On peut donc dire que la recette keynésienne a été appliquée durant la Grande Dépression. Est-ce que cela a fonctionné? Vraiment pas! Malgré ces mesures, le taux de chômage a continué d’augmenter pour atteindre 25% en 1933. Il est par la suite demeuré au-dessus de 15% presque tout le temps et ce jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Le New Deal fut donc un échec, d’autant plus qu’après toutes ces dépenses, le taux d’endettement du gouvernement était passé d’environ 18% du PIB à 42%, le résultat habituel des politiques keynésiennes.
https://minarchiste.wordpress.com/2010/01/06/letalon-or-et-le-crash-de-1929/
L’étalon-or n’a pas déclenché la Grande Dépression, d’accord. Mais il me semble que vous réécrivez un peu l’histoire. C’est un peu comme s’il était nécessaire d’innocenter les politiques de contraction monétaire pour discréditer la relance monétaire keynésienne. Ce n’est pas vrai, les deux sont mauvaises.
Ainsi quand vous écrivez que la Grande Dépression est marquée par une forte augmentation de la masse monétaire, vous ne mentez pas car votre statistique est vraie, mais vous ne comptez que la « base monétaire », c’est-à-dire une vision très étroite de la monnaie, pour faire bref les pièces et les billets. Dès qu’on utilise des agrégats monétaires plus traditionnels, M1 ou M2, on voit que la Grande Dépression est une crise boursière amplifiée par une forte contraction monétaire : M2 chute de près d’un tiers entre 1929 et 1932, et ne retrouve pas son niveau de 1929 avant 1939.
@Acrithene
Oui, bien sûr que la masse monétaire plus large s’est contractée durant la récession.
Mais comme l’indique la base monétaire, mon point est qu’une relance monétaire à la Keynes a bel et bien été tentée par la Fed, contrairement à ce que disent les keynésiens et même Friedman/Schwartz.
Vous oubliez un point important, c’est que les américains, avant d’abandonner l’étalon or, se sont assures que le pétrole allait se vendre en dollar. Lisez donc cet article: http://vente-achat-or.org/combien-de-temps-encore-pour-le-dollar-comme-monnaie-de-change-internationale/
C’est un peu difficile à suivre, car vous n’avez pas vraiment parlé des crises économiques qui se sont passées en plein durant « le vrai » étalon-or. Je suis entièrement d’accord avec vous pour ce qui est de Hoover, mais pour l’autre partie je suis un peu sceptique.
En gros, vous dites que les crises de la fin du 18e siècle ont été causées par le système bancaire fractionnaire et que les crises du 19e siècle ont été causées par l’accroissement de la masse monétaire par la banque centrale ? Moi je trouve quand même bizarre que même sous le « vrai » étalon-or, les États-Unis ont traversé une crise économique très grave en 1893 et une autre par la suite en 1907. D’ailleurs ces deux crises économiques on en parle très rarement.
@etagrats
En fait, même à la fin 19e siècle, début 20e avant la Fed, le système monétaire américain n’était pas un vrai étalon-or. Il y avait de l’intervention gouvernementale: les banques n’avait pas le droit de franchir les frontières de leur État et les banques à charte fédérales devaient obligatoirement asseoir leurs notes sur des bons du Trésor! C’est ce qui a mené à la Panique de 1907.
Comme l’explique Horwitz:
http://www.coordinationproblem.org/2012/05/krugmans-misreading-of-us-banking-history.html
D’ailleurs, la Panique de 1907 est la pire crise pre-Fed, mais elle n’est pas aussi pire que les deux pires crises post-Fed.
Voir Murphy:
http://www.mises.org/daily/6055/Charting-Fun-with-Krugman
Pourtant vous disiez que la période « vrai » étalon-or était les années précédant 1913. Alors, serait-il plus juste de dire qu’il n’y avait pas de système bancaire libre plutôt qu’un faux étalon-or ?
Et quand on regarde les crises pre-Fed, celle de 1893 m’apparait plutôt grande avec un taux de chômage dépassant 12% et persistant pendant une dizaine d’années. C’est bien pire que durant la crise de 2009. En plus dans ce temps, il n’y avait pas eu un gros bailout comme aujourd’hui, le marché du travail était beaucoup moins réglementé et les impôts presqu’inexistants.
« Moi je trouve quand même bizarre que même sous le “vrai” étalon-or, les États-Unis ont traversé une crise économique très grave en 1893 et une autre par la suite en 1907. D’ailleurs ces deux crises économiques on en parle très rarement. »
Non, c’est juste que vous ne vous êtes pas assez renseigné sur la théorie de la banque libre. Selgin et Dow expliquent très bien pourquoi les périodes pré-banques centrales aux USA ont échoué.
Voyez le chapitre 1 de Theory of Free banking.
Et le chapitre 11 de The experience of free banking.
La faute, c’est l’intervention du gouvernement. Lisez, c’est très instructif.
Mais des épisodes de banques libres fractionnaires ont autrement bel et bien marché (Ecosse, Suède, Suisse, France, Colombie, Chili, Canada, Hong Kong, Foochow …).
Il reste quand même que plusieurs autrichiens se vantent très souvent de la croissance américaine durant leur période avec l’étalon-or. On dit que si c’est arrivé c’est parce que l’étalon-or procure une croissance stable, une monnaie forte et des protections limitant les interventions abusives de l’État sur la monnaie et dans l’économie. Bref, tout ça sonne pratiquement comme un remède miracle jusqu’à temps qu’on réalise la gravité de la crise de 1893 qui a pratiquement été pire que celle de 2008 quand on regarde le chômage. Pourtant en 1893, il n’y avait pas de banque centrale, l’étalon-or était en place et l’intervention de l’État dans l’économie et sur la monnaie était beaucoup moins imposante qu’aujourd’hui. C’est peut-être trop futile et trop superficiel comme analyse, mais à la surface pour un néophyte ça ressemble quand même à ça ! Et de toute manière, sans vouloir défendre leur idéologie, ça serait très étonnant que les keynésiens soient du même côté que les autrichiens à propos de ces crises économiques et je suis certain qu’ils ont une analyse plus rigoureuse que la mienne…
Il y avait des liens dans mon post. Evidemment, vous vous êtes dit que cela ne valait pas la peine de les lire. Alors de mon côté, je ne vous répondrai pas. Je ne vais pas casser le tête pour vous, ça n’en vaut clairement pas la peine.
Vous me donnez plus de 200 pages à lire. Vous pensiez franchement que je pouvais lire ça en une soirée ?!! Je vais certainement lire ça dans un futur proche, mais pour l’instant je suis sur d’autres lectures.
Donc ce qui aurait mis fin à la crise, c’est la 2nde GM. Donc l’économie de guerre…. « ultra-keynésienne » ?
En clair : comment est-on finalement sorti de cette crise ?
@XavierQc
D’abord, la guerre financée par la dette, puis la participation des États-Unis à la reconstruction de l’Europe, aussi financée par de la dette.
En bref, une reprise artificielle et insoutenable, qui a mené à l’hyperinflation des décennies suivantes.
@etagrats
L’étalon-or est mieux que la monnaie fiat, mais le gouvernement a d’autres leviers que la banque centrale pour tricher, notamment les réserves fractionnaires et la règlementation. Et en 1893, les banques avaient des réserves fractionnaires, une grande source d’instabilité. Le Trésor imprimait trop de billets versus ses réserves d’or (très dangeureux sans banque centrale) et fut victime d’une « bank run ».
Lisez l’article ci-bas pour plus de détails.
« Fears about the American gold standard were intensified in March 1891, when the Treasury suddenly imposed a stiff fee on the export of gold bars taken from its vaults so that most gold exported from then on was American gold coin rather than bars. »
http://wiki.mises.org/wiki/Panic_of_1893
On pourrait dire que la Fed permet au système de générer plus d’inflation sans « bank run », donc moins de crises. Mais lorsque la crise survient, elle est très sévère et accompagnée d’une dure récession. Si la relance monétaire réussit à accomplir un « soft landing » en redémarrant l’endettement (1921 / 2001), la récession paraîtra légère, mais on ne fait que repousser le problème à plus tard (1929 / 2008).
L’étalon-or protège de l’inflation, mais pas des crises causées par les réserves fractionnaires.
Selgin, White et Dowd donnent une autre explication à ces crises. La réglementation bancaire, couplée avec le monopole d’émission et le cours légal. Il y avait deux types de banques fractionnaires sans banque centrale. Celui réglementé, celui non réglementé (voire très faiblement). Or, le premier a donné lieu à des crises bancaires, mais pas le second qui a été une véritable réussite dans l’histoire. Je tend à penser que la réserve fractionnaire n’est pas « en soi » un problème. Tout dépend s’il y a des réglementations (et surtout, leur nature) qui accompagnent les banques fractionnaires.
J’avais effectivement déjà lu pratiquement tous les articles de Mises à ce propos, mais j’ai toujours trouvé qu’on parlait très peu des crises pré-Fed, mais pourtant qu’on se vantait très rapidement des bienfaits de l’étalon-or aux États-Unis. Les articles que vous m’avez référé sur Krugman étaient aussi très éloquents. Toutefois, j’ai toujours eu l’impression qu’à force de gruger dans l’histoire, on trouve toujours un exemple qui défend son idéologie et un autre qui la détruit. Les communistes disaient que si leur système n’avait pas été un succès, c’est parce qu’on n’était pas allé assez loin. Parfois, j’ai l’impression d’entendre la même chose avec le libre-marché et l’étalon-or (et la même chose des keynésiens avec la réglementation miracle). Et tout ceci est sans compter les divisions dans le mouvement. Par exemple, vous semblez être en faveur d’une réglementation interdisant les banques fractionnaires, mais pas Meng Hu. Pourtant, tous les deux vous avez des arguments et une explication prouvant votre idée.
En passant, j’ai oublié de vous remercier pour votre explication, c’était très clair ! Et juste comme ça, est-ce que le Glass-Steagall Act forçait le Full-reserve banking comme vous semblez préconiser ? Je suppose que non, car plusieurs fois vous disiez que cette déréglementation n’avait pas causé la crise de 2008. Pourtant en séparant l’activité des banques de dépôts et des banques d’investissements, si on dépose son argent, la banque ne peut plus aller la réinvestir ailleurs, non?
« Pourtant, tous les deux vous avez des arguments et une explication prouvant votre idée. »
J’ai pourtant expliqué précédemment que les épisodes de banque libre sans réglementations n’ont pas abouti à des crises. C’est clair non ? Les 100% réservistes n’ont pas d’arguments contre les free bankers (dont je me range) : ils se cassent les dents à chaque confrontations. Huerta de Soto avait essayé de prouver que la banque fractionnaire même sans réglementation est un échec, mais il n’a pas été convaincant. Il a cité quelques références démontrant l’échec des banques libres (ex, Ecosse et Chili). Sauf que pour le premier, White y a répondu, quant au deuxième, Selgin s’en est chargé. Le poids de la preuve ne supporte pas la théorie 100% réserviste : les épisodes de free banking ont été un succès. Personne ne peut le contester. Dans ce contexte, les free bankers ont gagné, les 100% réservistes ont perdu. Il n’y a pas de débat.
@Meng Hu : Désolé, mais ma question et mon commentaire n’étaient pas destinés à vous. Je répondais à la réponse de Minarchiste. Et oui votre position est très claire, mais vous ne semblez pas être en accord avec Minarchiste concernant les réserves bancaires, alors j’aimerais aussi avoir sa réponse à mes deux derniers commentaires.
@Etagrats
« est-ce que le Glass-Steagall Act forçait le Full-reserve banking comme vous semblez préconiser ? Je suppose que non, car plusieurs fois vous disiez que cette déréglementation n’avait pas causé la crise de 2008. Pourtant en séparant l’activité des banques de dépôts et des banques d’investissements, si on dépose son argent, la banque ne peut plus aller la réinvestir ailleurs, non? »
Non, le Glass-Steagall ne force pas les réserves entières. Les banques réinvestissent les dépôts en faisant des prêts.
Durant la crise de 2008, les banques qui avaient à la fois des dépôts et des activités d’investissements s’en sont mieux sorties que les banques d’investissements pures.
Que pensez-vous du point de vue de Douglas Irwin, comme quoi la France aurait eu une grande responsabilité dans la crise de 29 par l’accumulation excessive de réserve d’or ?
C’est du pipeau. Aucune bulle ne gonfle sans sur-expansion de masse monétaire. La récession n’est que le symptôme d’une maladie qui commence à se développer. Comme un cancer dont le symptôme apparaît lorsqu’il atteint niveau 4 (métastases), mais ce n’est pas parce que le niveau 4 n’est pas atteint que vous n’êtes pas malade. Vous l’êtes, mais ne sentez (pour le moment) rien.
If it were not for the elasticity of bank credit, which has often been regarded as such a good thing, the boom in security values could not last for any length of time. In the absence of inflationary credit the funds available for lending to the public for security purchases would soon be exhausted.
A noter que lors de l’élection de 1932, c’est davantage le rejet de la prohibition que la crise économique de 1929 qui explique le raz-de-marée en faveur de Roosevelt. https://www.cambridge.org/core/journals/ps-political-science-and-politics/article/american-voter-in-1932-evidence-from-a-confidential-survey/9C75907376FD0D45811C4357ADD7E8AE?utm_source=Twitter&utm_medium=Social&utm_campaign=psc
Une vidéo intéressante sur ce qui a causé la grande dépression: https://www.youtube.com/watch?v=2Ce6z-u_Wk0