Un article très intéressant est paru hier sur le site du Mises Institute; j’ai décidé d’y mettre mon grain de sel. L’article introduit un nouveau concept dont je n’avais pas encore entendu parler: le multiplicateur autrichien.
Si une entreprise a une marge brute de 25% et que ses coûts augmentent de $2,000 en raison d’un fardeau règlementaire plus important ou encore d’une hausse de taxes, elle devra augmenter ses ventes de $8,000 pour compenser la perte de profit, soit un multiplicateur de 4x. En période de récession, cette situation est fondamentalement importante puisque cela pourrait faire la différence « entre la vie et la mort ». Comme en récession la demande est plus faible, l’entreprise choisit plutôt de couper dans sa main d’oeuvre, ce qui a un impact négatif sur l’emploi. C’est pourquoi la règlementation et les impôts nuisent à l’emploi.
Supposons qu’une entreprise a besoin de $2,000 en profits supplémentaire pour rester en affaires et que ses marges brutes sont de 25%, il lui faudra des ventes supplémentaires de $8,000 pour y arriver. Ce sera très difficile d’y arriver avec un plan de relance visant à stimuler la demande en augmentant les dépenses gouvernementales. Par ailleurs, le stimulus étant non-récurrent, il est peu probable que l’entreprise investira dans sa capacité de production et embauchera de nouveaux employés permanents. Par contre, une simple baisse d’impôt de $2,000 permettrait d’y arriver rapidement et sûrement, à un coût fiscal moindre pour l’État. Cette approche est nettement supérieure.
Voici un exemple: une firme a un volume de vente de 75,000 unités et réalise une marge de profit avant impôts de 30%. Son profit net est donc de $157,500.
Si une nouvelle règlementation (par exemple Obamacare) fait augmenter ses coûts fixes de 10% et qu’on augmente ses impôts de 10%, son profit net diminuerait de 22.9%. Cette situation n’est pas propice à l’investissement et à la création d’emploi.
Maintenant, en période de récession, supposons que les volumes de ventes baissent à 40,000; l’entreprise n’arrive alors qu’à se maintenir la tête hors de l’eau, avec un faible profit de $10,500. Elle décide alors de réduire sa main d’oeuvre de 20% (deuxième scénario), ce qui fait augmenter ses profits à $42,000. C’est bien maigre, mais au moins ça permet à l’entreprise de rester en affaires.
Dans le troisième scénario, on suppose que, dans le cadre d’un plan de relance, le gouvernement lui accorde un contrat de 5,000 unités. Elle réalise alors un profit de $63,000 et il en coûte $50,000 à l’État.
Dans le quatrième scénario, on suppose que le gouvernement choisit plutôt de réduire ses impôts de $18,000. Son profit est alors de $60,000, soit presque équivalent à celui du scénario où l’État dépense $50,000 pour stimuler la demande! C’est le multiplicateur autrichien à l’oeuvre…
Ces profits pourront être utilisés pour investir dans l’entreprise et payer des dividendes aux actionnaires. D’une façon ou d’une autre, l’argent sera réinjecté dans l’économie et contribuera à la reprise économique.
Les keynésiens répliqueraient possiblement que l’entreprise ou ses actionnaires pourraient simplement déposer les profits supplémentaires à la banque plutôt que de les dépenser ou les investir. À ce moment, l’argent est injecté dans le système bancaire et peut servir à faire des prêts, qui eux se chargeront d’injecter l’argent dans l’économie et à faire naturellement baisser les taux d’intérêt. Par ailleurs, l’économie fiscale de $32,000 ($50,000 – $18,000) réalisée par le gouvernement dans notre exemple pourra être utilisée pour réduire les impôts des particuliers de sorte que ceux-ci verront leurs revenus augmenter et pourront hausser leurs dépenses et leur épargne.
Conclusion:
Le meilleur moyen pour l’État de relancer l’économie en récession est de diminuer de façon permanente le fardeau fiscal et règlementaire des entreprises. De cette façon, leur rentabilité se rétabli et elle peuvent se remettre à investir et créer des emplois.
Quelques détails:
_si la réforme se fait à déficit constant, cela veut dire que tous ceux qui recoivent de l’argent du gouvernement n’ont plus rien à dépenser… Donc adieu augmentation des ventes.
_ »À ce moment, l’argent est injecté dans le système bancaire et peut servir à faire des prêts, »: vous oubliez que c’est que le système bancaire qui crée de l’argent, et que ce sont les crédits qui font les dépôts. S’il n’y a pas de crédits au départ (ou de monnaie centrale créé par la Fed), alors il n’y a pas de dépôts. Votre système marche si le système bancaire marche (et donc il faut probablement un coup de Fed).
_Je ne vois pas en quoi l’augmentation de la part des profits dans la revenu national est un objectif. L’augmention de l’investissement ou de la production, oui. Le multiplicateur multiplie les profits mais pas la production.
La seule augmentation de la production évoquée est celle des entreprises peu rentables qui seraient épargnées par la faillite, et on voit pas bien comment cela va compenser la baisse des activités étatiques (sauf à accorder à ces dernières une valeur nulle).
Comparé à des baisses de taxes ciblées, c’est beaucoup plus cher puisqu’il faut payer des entreprises qui auraient de toute façon été rentables. Bien sûr, les arguments de public choice évoqués sont tout-à-fait valables et il y a toutes les chances que des entreprises plus valables ne puissent survivre du fait de ces aides. Les aides ciblées sont aussi injustes puisqu’elles favorisent les moins méritants. Mais l’article du LVMi est plutôt un argument en *faveur* des aides ciblées.
_Le vrai argument en faveur des baisses des taxes et des dépenses, c’est celui-ci:
http://en.wikipedia.org/wiki/Dead_weight_loss
NB: Augmenter les taxes sur le travail côté employeur est une très mauvaise chose pour l’emploi à court terme. Les keynésiens sont bien d’accord avec çà.
@Fred
« Je ne vois pas en quoi l’augmentation de la part des profits dans la revenu national est un objectif. L’augmention de l’investissement ou de la production, oui. »
Vous oubliez que l’investissement est fortement corrélé avec le niveau des profits (le graphique est sidérant).
Par ailleurs, les entreprises rentables sont celles qui seront en mesure d’investir pour augmenter la production.
« vous oubliez que c’est que le système bancaire qui crée de l’argent, et que ce sont les crédits qui font les dépôts. »
Abaisser les réglementations et le fardeau fiscal permet d’accroitre les économies, ce qui réduit les taux d’intérêts. Ça a été expliqué ici, ainsi que dans un article précédent, mais vous faites semblant de ne pas les avoir lus.
« et on voit pas bien comment cela va compenser la baisse des activités étatiques »
Parce qu’elles sont nécessaires à la reprise économique ? Pour ce qui est des ‘entreprises peu rentables épargnées par la faillite’ s’il s’agit d’entreprises subventionnées à coup de déficit alors c’est une perte sèche, je n’appelle pas ça une augmentation de production, un ajout net de richesse.
« Mais l’article du LVMi est plutôt un argument en *faveur* des aides ciblées. »
Vous pouvez citer ce passage du texte ? Tout ce que je lis c’est : les réductions de coûts sont plus efficaces que les stimulations du gouvernement.
@minarchiste:
« Vous oubliez que l’investissement est fortement corrélé avec le niveau des profits »:
Je dirais plutôt avec les profits une fois les intérêts et remboursement d’emprunt déduits.
Par ailleurs,
@Meng Hu
« Abaisser les réglementations et le fardeau fiscal permet d’accroitre les économies, ce qui réduit les taux d’intérêts. « : je ne vois pas le rapport: la plupart des impôts et des réglementations n’ont pas d’effet sur l’épargne ou les taux d’intérêt.
Enfin, à court terme, c’est la banque centrale qui peut remédier à un problème de taux trop hauts. Et en période de récession, ce n’est pas vraiment l’épargne qui est un problème:
http://research.stlouisfed.org/fred2/data/PSAVERT.txt
« je n’appelle pas ça une augmentation de production, un ajout net de richesse »: si les 100 employés produisent pour 99$ de richesse et sont payés 100$ grâce à une subvention de 1$ au lieu d’être au chômage, je vois un mutiplicateur de 99. Le mot-clé ici est « au lieu d’être au chômage ».
Si ces 100 employés pouvaient être occupés ailleurs pour une somme supérieure à 99$, là il y aurait une perte sèche.
Enfin, le fondement des politques keynésiennes n’est pas le sauvetage d’industries à la limite de la rentabilité, mais de faire en sorte qu’il y ait assez de moyens de paiements dans l’économie, soit en créant à travers la banque centrale (politique monétaire), soit en faisant en sorte que ceux qui en manquent en ait à leur disposition (politique budgétaire).
« Vous pouvez citer ce passage du texte ? »: Bien sûr que non puisqu’il n’existe pas, mais toute sa démonstration s’applique aux aides ciblées, et le seul argument contre ces aides ciblées est de type public choice, ce qui serait tout-à-fait valable si le ciblage n’était pas la seule manière de faire en sorte que le « multiplicateur autrichien » (je mets entre guillemets, car je ne crois pas que la plupart des autrichiens adhèreraient à cet article) ne soit pas proche de 0.
PS@MengHu: votre blog prend un virage bien curieux pour un ami de la liberté.
fred,
« la plupart des impôts et des réglementations n’ont pas d’effet sur l’épargne ou les taux d’intérêt. »
Pourquoi me faire répéter ce que j’ai dit dans ‘Paul Krugman continue de divaguer’ ? les entreprises doivent tenir plus de cash, font moins de profit, étant donné que les réglementations font gonfler les coûts fixes.
Le lien que vous indiquez ne signifie pas que, sous prétexte que l’épargne a augmenté (ce qui de toute évidence est une nécessité) sous la présente récession, elle soit investie, ou encore qu’il y a assez d’épargne. J’ignore d’ailleurs qu’elle serait ce fameux taux naturel. L’article de Buzzeo (ainsi que tous ceux indiqués dans son texte) me conforte dans l’idée qu’effectivement, les entreprises sont soucieuses des réglementations et du niveau de la dette publique. L’incertitude ralentit les prises de décisions. Enfin, il reste les flexibilités des contrats de travail : l’indemnité de licenciement, les syndicats et le salaire minimum restent un problème proéminent.
« Enfin, à court terme, c’est la banque centrale qui peut remédier à un problème de taux trop hauts. »
Nous en avions déjà parlé semble-t-il. Si votre soucis c’est qu’il n’y a pas assez de monnaie, encore une fois, dans une économie où l’offre de monnaie n’est pas régulée, une baisse des prix augmente la valeur des encaisses monétaires, ce qui signifie que la quantité de monnaie va augmenter d’une manière ou d’une autre (hausse des commodities et donc des commodities-loans voir des pièces de métaux, notamment les petites coupures, souvent très demandées lors des récessions et/ou périodes de troubles, ce qui est tout à fait logique). Ce que le gouvernement sait faire, le marché le fait aussi, et sans doute mieux.
« le fondement des politques keynésiennes n’est pas le sauvetage d’industries à la limite de la rentabilité »
C’est pourtant ce qu’elles impliquent, fatalement. Si vous ne me croyez pas, voici un extrait de Keynes :
« To put the point concretely, I see no reason to suppose that the existing system seriously misemploys the factors of production which are in use. There are, of course, errors of foresight; but these would not be avoided by centralising decisions. When 9,000,000 men are employed out of 10,000,000 willing and able to work, there is no evidence that the labour of these 9,000,000 men is misdirected. The complaint against the present system is not that these 9,000,000 men ought to be employed on different tasks, but that tasks should be available for the remaining 1,000,000 men. It is in determining the volume, not the direction, of actual employment that the existing system has broken down. »
Le problème est le même que celui que j’ai pointé à maintes reprises. L’impossibilité de repérer les entreprises où les capitaux étaient mal alloués, celles qui déclinent en raison des destructions créatrices (qui je le rappelle, surviennent même en période de récession) et celles qui ne le sont pas, explique l’inefficacité d’une telle intervention. Parce que les ressources seront nécessairement mal allouées, la dette va gonfler, ce qui arrive généralement lorsque les pays tentent de se sortir d’une crise par des méthodes keynésiennes. Et c’est là que je rebondis sur votre « perte sèche », mis à part que votre article m’avait fait doucement rire lorsque je l’ai lu, le débat porte sur la possibilité ou non que le marché puisse s’auto-corriger en période de récession. Il le peut, et ce, même si l’épargne n’est pas optimale. L’épargne n’est finalement qu’un moyen de rendre la structure de l’emploi plus « roundaboutness ». Il ne signifie pas qu’il n’y aura pas d’emploi du tout. Il y aura simplement une fuite d’emploi au profit des industries peu intenses en capital. Les subventions ne créent pas d’emplois durables. Votre erreur, encore une fois, est de ne pas avoir vu que le problème du chômage vient principalement de la rigidité du marché du travail, qui a un effet plus prononcé sur le chômage du fait que la productivité par tête diminue, sans que les coûts fixes puisse diminuer. Le problème vient de là, et non d’une quelconque prétendue « demande globale » (qui aurait chuté « comme ça » par on ne sait quelle sorcellerie) ce qui en économie autrichienne ne veut rien dire. C’est le défaut de la macro-économie.
« une baisse des prix augmente la valeur des encaisses monétaires, « :
Oui, çà marche à long terme, mais à court terme, çà vous met un bazard monstre et vous vous retrouvez dans le meilleur des cas avec un Roosevelt qui en plus d’adoper le bon remède (dévaluer le dollar) vous refourgue le New Deal et toutes les mesures contreproductives (et dans le pire des cas, je vous laisse le soin de deviner à quoi je peux faire allusion). Et je pense qu’une incertitude de 30% sur le niveau futur de vos remboursements de prêts sont tout aussi dévastateurs que l’incertitude engendrée par les poliques gouvernementales.
« Ce que le gouvernement sait faire, le marché le fait aussi, et sans doute mieux. »: Je me demande bien comment le dollar serait défini en l’absence d’intervention étatique (faire une loi définissant le dollar comme un certain poids d’or, c’est déjà une intervention étatique). Tout au plus pourrait émerger un cartel de banques ou un banque dominante qui déciderait de cette valeur.
Je ne vois pas en quoi Keynes dit qu’il faut subventionner les entreprises de faible rentabilité.
Sinon, je n’ai rien contre les destructions créatrices, j’en ai seulement après les destructions destructrices. Mettre au chômage des millions de personnes a des effets qui persistent bien après la fin de la récession. Les destructions d’emplois ont lieu dans tous les secteurs d’activité, ce qui prouve qu’il ne s’agit pas seulement d’un chômage lié à des reconversions professionnelles.
« Le lien que vous indiquez ne signifie pas que, sous prétexte que l’épargne a augmenté (ce qui de toute évidence est une nécessité) sous la présente récession, elle soit investie »: tout-à-fait d’accord, il faut qu’il y ait un secteur bancaire fonctionnel. D’où encore une fois le besoin de politique monétaire.
@Fred
Comme je l’ai déjà expliqué sur ce blogue:
Pourquoi est-ce que le taux de chômage a augmenté dans toutes les industries (sauf au sein du gouvernement) et non seulement dans la construction malgré le fait que la bulle spéculative de 2006 a sévi dans l’immobilier ? Il ne faut pas oublier qu’une portion significative de l’industrie manufacturière américaine est directement reliée à la construction. Par exemple, si vous fabriquez des pentures de portes d’armoires de cuisine, des aspirateurs centraux, des stores verticaux, des vis à gypse, des moulures en mdf, des robinets, etc, la prospérité de l’entreprise qui vous emploi sera fort influencée par l’industrie de la construction résidentielle. Il y a aussi eu beaucoup d’emplois affectés dans les services: tels que les agents immobiliers, les notaires, les décorateurs, les paysagistes, les arpenteurs, les architectes, les préposés aux prêts hypothécaires dans les banques, etc. Et que dire de l’industrie du bois d’oeuvre et autres matériaux de construction, qui ont connu tout un choc suite à l’implosion de la bulle. Ensuite, il faut considérer l’industrie du commerce de détail et les manufacturiers des produits que ceux-ci vendent, parce que beaucoup d’américains ont profité de la bulle pour réhypothéquer leur maison à une valeur plus élevée, ce qui leur a permis de hausser leur consommation à court terme, par exemple pour s’acheter de nouveaux meubles, des cinéma-maisons, des bateaux, etc. Après le passage de cette manne, le retour à un niveau de consommation non-dopé par l’endettement a été brutal pour ces industries. Ainsi, l’implosion de la bulle immobilière n’a pas seulement affecté les emplois directs dans la construction, mais presque tous les emplois.
https://minarchiste.wordpress.com/2010/10/05/pourquoi-y-a-t-il-des-cycles-economiques-et-des-recessions-%e2%80%93-partie-3/
J’ai beaucoup de sympathie pour les analyses autrichiennes mais je suis sceptique sur l’existence d’un multiplicateur fiscal autrichien qui permettrait de sortir de la recession.
En periode de recession les entreprises vont maintenir leurs encaisses et les banques ne vont pas preter parce que simplement la demande de pret est faible.
Sur un plan macro, Il n’y pas selon moi de mesures economiques pour sortir de la recession qui soient saines a long terme et efficace a court terme. Il faut choisir.
Les keynesiens type »hydrauliques » vont proposer les meme recettes qui peuvent soutenir a court terme l’activite mais dont on sait qu’elles empoisonnent le supply side a moyen terme.
Je doute que le hangover de dette (prive et/ou publique) ait une d’antidote. Il faut simplement reduire la dette (et pas seulement en % des revenus).
fred,
Il sera plus facile de rembourser les prêts lorsque les coûts fixes diminuent. Un contrat de travail non-flexible devient un coût fixe dès lors que le gouvernement bloque la libre négociation entre employé-employeur. N’oubliez pas en outre, que les taux d’intérêts ne seraient pas trop haut s’ils n’avaient pas été trop bas, laissant s’endetter les clients « marginaux », à savoir, ceux qui croyaient être assez rentables pour rembourser le crédit mais qui ne l’étaient pas, à cause d’une manipulation de taux.
« faire une loi définissant le dollar comme un certain poids d’or, c’est déjà une intervention étatique »
Sauf que je ne connais aucun autrichien qui soit favorable aux politiques de changes fixes. Pas même les rothbardiens.
« Je ne vois pas en quoi Keynes dit qu’il faut subventionner les entreprises de faible rentabilité. »
Je répète, les destructions créatrices surviennent même en période de récession, mais du fait des baisses de productivité par tête, et d’une réglementation fixe, les coûts de production restent trop élevés. La conséquence est la mise à pied massive. Le problème de Keynes, encore une fois, c’est qu’il ne voit qu’un « agrégat » et rien d’autre. Keynes ne peut pas savoir qu’elles sont les entreprises qui doivent (ou devaient) mourir et celles qui doivent survivre, d’autant qu’il ignore ce problème de répartition de ressources. C’était le cas au Japon; des entreprises qui devaient disparaître continuaient à vivre d’argent public, sans produire de richesses, car il n’y avait pas de demande. Tout ça finit inexorablement par une hausse des dettes publiques, et de l’incertitude qui va avec.
« tout-à-fait d’accord, il faut qu’il y ait un secteur bancaire fonctionnel »
Il ne faut pas tout mélanger. L’épargne modifie la structure de l’emploi, et augmente la productivité par tête. Le problème d’une relance économique par l’épargne, comme l’appelle Guido Hulsmann, c’est que l’épargne prend du temps à s’accumuler. C’est la raison pour laquelle, lorsque la productivité par tête diminue en récession, les coûts fixes doivent diminuer eux aussi. Les entreprises regagnent en compétitivité, l’instabilité recule, et les banques prêtent plus facilement. Il est évident que si la réglementation n’est pas allégée, l’augmentation des faillites et de l’incertitude qui en résultera ne pousseront pas les banques à prêter. Et je suis sûr que vous êtes d’accord avec ça.
Je reste sceptique, car une baisse d’impôts ne fonctionne et n’a de sens que:
– si elle est accompagnée par une baisse des dépenses équivalente
– elle n’est pas temporaire
Si une baisse d’impôts est financée à crédit, par l’augmentation de la dette, c’est une subvention non ciblée.
Si elle est temporaire, cela ne favorise ni l’emploi ni l’investissement.
La seule « relance » susceptible de marcher sur le long terme, c’est celle qui se base sur le désendettement et la baisse des dépenses publiques.
@Mateo
Je suis entièrement d’accord avec vous, mais pourquoi être sceptique?
Parce-que parler de parler de baisse d’impôts sans parler de baisse de dépenses équivalent = augmentation du déficit = augmentation de la dette…
… Sauf « effet Laffer », mais il n’en est pas question ici.
@Mateo
Et alors? Le billet stipule que baisser les impôts est supérieur à stimuler la demande par la dépense.
Si en plus le gouvernement coupe ses dépenses pour équilibrer son budget, c’est encore mieux.
C’est peut-être « moins pire » (ce qui n’est pas bien dur, on parle de mesure keynésienne, là 😉 ), mais ce n’est pas « bon » pour autant, c’est en ce sens que je suis sceptique.
Vous prônez donc un plan de relance par l’offre, du keynésiannisme en somme. Cela pourrait marcher. Cependant il y a des limites à cela; une entreprise ne paye pas forcement suffisemment de prélèvement obligatoire pour qu’un rééquilibrage se fasse. Si vous baissez les dépenses pour contrebalancer cela pourrait aggraver la situation car une baisse d’impôt serait annuler par une baisse de la demande. Cela peut se voir également pour les coupes dans les effectifs que vous prônez. En plus d’une baisse de la demande cela pourrait entraîner une baisse de la productivité (cf la théorie du salaire d’efficience).