L’énergie nucléaire :
George Bragues amène une perspective très intéressante au sujet de l’énergie nucléaire. Il est question ici d’une manière de produire un bien, de l’électricité, et de le vendre à des consommateurs qui désirent l’acquérir. Le marché est le meilleur mécanisme pour déterminer si un bien doit être produit ou non. Si le prix et la quantité demandée de ce bien sur le marché permet aux producteurs de couvrir leurs coûts et de faire un profit raisonnable, le bien sera produit. Sinon, la production de ce bien est injustifiée.
Est-ce que l’énergie nucléaire passe ce test? Généralement non! Les usines nucléaires sont tellement coûteuses qu’elles doivent être subventionnées par les gouvernements pour être rentables. Notamment, il est impossible pour les producteurs d’énergie nucléaire d’acheter une assurance couvrant leur responsabilité. Par conséquent, les gouvernements ont dû leur procurer des exemptions de responsabilité. D’ailleurs, au Japon, c’est une compagnie de réassurance parapublique qui prendra les dommages en charge.
Ainsi, si les gouvernements avaient laissé faire les forces du libre-marché, il n’y aurait peut-être pas eu de catastrophe nucléaire au Japon.
Dans un autre ordre d’idées, les réactions de plusieurs gouvernements qui imposent des moratoires sur le développement de l’énergie nucléaire sont irrationnelles. Il n’y a aucune raison de s’opposer à l’énergie nucléaire si les producteurs de celle-ci le font sans intervention de l’État sur le libre-marché. À cet égard, j’aime bien la métaphore de Vincent Bénard avec l’automobile :
Effectivement, malgré son caractère spectaculaire, malgré toutes les représentations terrifiantes que le public associe au nucléaire, il est très peu probable que l’accident de Fukushima tue autant de personnes qu’une année d’accidents automobiles et que les suites médicales de l’accident, pour regrettables qu’elles soient, créent autant de malheur que le nombre de cas de tétraplégies consécutifs aux accidents routiers. (…) Pourtant, malgré les risques indiscutables que l’usage de l’automobile induit, personne de sérieux ne songe à un moratoire sur l’automobile : les gens ont trop bien compris que les avantages de l’automobilité ont infiniment plus de valeur économique que n’en détruisent les risques mortels associés, fussent-ils bien réels, connus, et quantitativement tout à fait significatifs. L’annonce hélas bien réelle par Madame Merkel d’une démarche volontariste de conversion massive de l’Allemagne vers les énergies renouvelables est donc, en l’état actuel des technologies disponibles, un exemple absolument déplorable de décision politique passionnelle et déconnectée de tout fondement raisonnable.
La masse monétaire US explose en 2011 :
Comme le démontre le graphique ci-bas, la base monétaire (MB) des États-Unis est en forte expansion en ce début d’année 2011. Il y a une explication rationnelle à cela. L’endettement du gouvernement fédéral augmente rapidement étant donné l’ampleur des déficits qu’il génère présentement. Or, le montant maximal de dette du gouvernement (a.k.a. « debt ceiling ») sera probablement atteint entre le 5 avril et le 31 mai. Après cela, le Trésor Américain ne pourra plus émettre de nouveaux titres de dette.
Ceci étant dit, le Trésor dispose d’une réserve d’encaisse à la Federal Reserve. Au fut et à mesure qu’il s’approche de sa limite d’endettement, le Trésor utilise autant que possible cette réserve d’encaisse, notamment pour rembourser des dettes qui viennent à maturité. Ces titres de dettes sont largement détenus par les banques commerciales. Ces paiements s’ajoutent ainsi aux réserves de ces banques et contribuent donc à l’augmentation de MB.
Encore une fois, je répète que cette monnaie n’est pas inflationniste tant qu’elle demeure sous forme de réserves. Cependant, lorsque les banques commerciales utiliseront ces réserves pour faire des prêts, la monnaie sera injectée dans le l’économie et l’inflation se manifestera. Ceci étant dit, la base monétaire à tout de même le pouvoir de faire augmenter les anticipations d’inflation, faisant augmenter les taux d’intérêt et le prix de l’or…
L’économiste de la BMO, Don Coxe, émet un constat alarmant sur l’économie :
Selon lui, le monde fait face à une reprise des années 1970s durant lesquelles l’inflation était forte alors que l’économie stagnait : c’était la stagflation. Cette inflation n’était pas causée par le marché du travail serré, par les politiques de l’OPEC ou par la météo comme on a voulu nous le faire croire. Selon lui, les révolutions dans le monde arabe vont prendre beaucoup plus de temps que ce que les gens croient. Dans les circonstances, Don Coxe recommande d’investir dans toutes les commodités (pétrole, or, argent, autres métaux), sauf le gaz naturel.
Le FMI facilitera les sauvetages bancaires :
Le Wall Street Journal a rapporté que le Fonds Monétaire International (FMI) proposerait de devenir un prêteur de dernier recours plus significatif. Ce plan, soutenu par les États-Unis, la France et d’autres membres du G20, permettrait au FMI de fournir des swaps de devises à court terme aux banques centrales des pays émergents lorsque celles-ci sont en période de crise.
Il faut comprendre que ce mécanisme aidera grandement les grandes banques commerciales des pays industrialisés qui font des affaires dans ces pays. Et comme le FMI est capitalisé par les gouvernements des pays industrialisés, ce mécanisme constituent un autre moyen de subventionner le secteur bancaire à l’échelle mondiale.
D’autre part, il y aura des conditions rattachées à ces lignes de crédit. Le FMI en profitera donc pour accroître son hégémonie sur le monde. D’ailleurs, il faut noter que le FMI encouragera ces pays à ne plus maintenir d’importantes réserves de devises (Euros, Dollars, yens, or, etc) comme coussin de sécurité en cas de crise, ce qui rendrait ces pays plus dépendants du FMI advenant une crise financière.
La croissance du Leviathan:
La semaine dernière, The Economist a publié un dossier spécial sur la croissance de la taille de l’État. Les gouvernements prennent de plus en plus de place, alors que leur productivité est constamment à la traîne du secteur privé. La règlementation est de plus en plus contraignante et coûteuse. Les perspectives quant aux impôts sont déprimantes. Comme le talent et le capital sont de plus en plus mobiles, la compétition entre les différents systèmes politiques sera donc plus féroce, au détriment des pays industrialisés. Avec la pression démographique grandissante, cette tendance, soit l’augmentation de la taille de l’État, doit se renverser…
Montée de l’extrême-droite en Europe:
La socialisation de l’Europe est selon moi une tendance très inquiétante. Dans ce contexte, la montée de courants politiques d’extrême-droite m’apparaît alarmante. Un parti d’extrême-droite qui prend les rênes d’un gros gouvernement, ça vous rappelle quelque chose? En France, c’est une dénommée Marine Le Pen qui fait des progrès dans les sondages. Des politiques anti-immigration, autocratiques, protectionnistes et nationalistes sont au programme. Il y a aussi le British National Party au Royaume-Uni, le Vlaams Belang en Belgique et plusieurs autres partis du genre qui font du progrès présentement en Europe (voir tableau ci-bas). Un dangereux pas en arrière à mon avis…
La masse monétaire Chinoise:
La croissance de la masse monétaire Chinoise poursuit son ralentissement, mais demeure tout de même forte. Le gouvernement a récemment annoncé une autre augmentation du ratio de réserves bancaires, ce qui réduit la capacité des banques à créer de la monnaie par leurs réserves fractionnaires. À quel niveau est-ce que ce ralentissement occasionnera l’implosion de la bulle? Difficile à estimer, mais c’est un risque…
L’étalon-or progresse en Utah:
Les magasins de Salt Lake City pourraient bientôt accepter les pièces d’or en guise de paiement! Un projet de loi visant à donner cours légal à l’or et l’argent a passé à la Chambre et au Sénat de l’Utah. Les taxes sur les transferts d’or seraient abolies puisque ce métal serait dorénavant considéré comme monnaie plutôt que comme investissement. Les supporters du projet de loi affirment que la politique monétaire de la Federal Reserve a été un désastre. Apparemment, d’autres États en seraient à considérer une telle initiative. Le gouverneur en serait à réviser le projet…à suivre!
S&P abaisse la cote de crédit du Portugal :
La cote baisse à BBB, ce qui est inférieur au minimum pour que la Banque Centrale Européenne (BCE) accepte les obligations portugaises en garantie. Comme les banques commerciales achètent les obligations des gouvernements européens, qui financent ainsi leurs gigantesques déficits, pour ensuite les remettre en garantie à la BCE pour obtenir de l’argent créé ex nihilo qu’elles utilisent pour faire des prêts, ces banques commerciales ne voudront plus de ces obligations. Le Portugal ne pourra donc plus se financer. Il sera intéressant de voir si la BCE fera la même chose qu’avec la Grèce, soit accepter ces obligations peu importe la cote de crédit. Ce serait un pas de plus vers l’écroulement de l’Euro…
Des élections fédérales au Canada:
Les commentateurs politiques le soulignent, le coût des élections fédérales inutiles qui sont à se mettre en branle se chiffre à au moins $300 millions. Cependant, comme l’indique David Descôteaux, il faudrait ajouter à cette somme les centaines de millions de dépenses qui seront promises aux électeurs pour les séduire. Tout cela pour que finalement nous nous retrouvions avec un gouvernement conservateur minoritaire… Quel gaspillage! Ceci étant dit, je recommande de voter conservateur, non pas parce que j’approuve leurs politiques, mais bien par dépit pour les partis d’opposition…
« En France, c’est une dénommée Marine Le Pen qui fait des progrès dans les sondages. Des politiques anti-immigration, autocratiques, protectionnistes et nationalistes sont au programme. »
Je n’aime pas Le Pen. Le père ou la fille, ça revient au même. J’apprécie pas leur façon de stigmatiser (c’est du moins l’impression qu’on a) les immigrés, et à les pointer du doigt : montée de la violence des banlieues, baisse des salaires ou hausse du chômage due à l’immigration massive.
Que l’immigration massive est incompatible avec une intégration réussie, passe encore. Mais que l’immigration génère chômage/stagnation de salaire, c’est qu’il y a quelque part un manque de connaissance en la matière. L’exode de Mariel n’avait pas influé négativement sur Miami. Le baby boom non plus n’avait pas influé négativement sur le chômage.
Sinon Marine Le Pen est fan de Maurice Allais. Ce type n’est pas une lumière, surtout sur le sujet de la mondialisation.
P.S. au Canada, il y a ces problèmes d’immigration massive ou pas ?
Dans une moindre mesure, oui.
A propos des subventions au nucléaire mentionnées dans l’article de Bragues.
http://cnic.jp/english/newsletter/nit113/nit113articles/nit113cost.html
C’est plutôt bien subventionné, je trouve.
Finalement, c’est comme en France. L’électricité, on paye deux fois. En consommateur. En contribuable.
Je sais qu’on m’objectera que le nucléaire est propre, sûr, efficient. Mais ça ne justifie pas les subventions à mes yeux. Encore moins pardonnable le fait que cette technologie s’est développée parallèlement, voir essentiellement, avec les armes nucléaires.
Je viens de retrouver ça dans mes archives. Ça date, mais c’est toujours un bon rappel. Que ce soit le démantèlement des centrales ou le traitement des déchets ou les exemptions de responsabilité ( http://en.wikipedia.org/wiki/Price%E2%80%93Anderson_Nuclear_Industries_Indemnity_Act ), rien n’est épargné. Même pas la France, qui se targue d’avoir les prix d’électricité les plus bas d’Europe. Soit-disant…
“…EdF has accumulated over 80 tons of plutonium, and vast quantities of nuclear waste at the reprocessing plant at La Hague. So it is now confronted with huge liabilities, but insufficient funds to cover them.
The Court of Accounts estimated France’s nuclear liabilities at Eur 71-billion, with Eur 48-billion of that belonging to EdF […] the cost of a potential deep disposal facility for nuclear waste could be between
40% and 230% higher than allowed for by EdF, according to radioactive waste management agency Andra. (35). It appears, therefore, that EdF currently plans to fund only around half of France’s nuclear liabilities.”
Et le coup de grâce :
“Before 1973, OECD governments spent over $150 billion (adjusted to current costs) in researching and developing nuclear energy, and practically nothing on renewable energy.
Between 1974 and 1992, $168 billion was spent on nuclear energy and only $22 billion on renewables. The European Union’s extravagant nuclear promotion efforts are not even included in this calculation. French statistics are still being kept secret. The total state support amounts to at least a trillion dollars, with mammoth assistance provided to market creation and to incentives for non-OECD countries, above all the former Soviet block. Only $50 billion has been spent on renewable energy”.
Quand on pense que tout cet argent pourrait être mieux utilisé.
« Je viens de retrouver ça dans mes archives. » : j’avais oublié le lien. Où avais-je la tête…
Cliquer pour accéder à Nuclear_Subsidies.pdf