« Atlas Shrugged », Ayn Rand, 1957, 1,168 pages.
Ayn Rand est née en 1905 en Russie et est décédée en 1982. Elle a émigré aux États-Unis en 1926 et y a débuté une carrière de scénariste pour Hollywood. Elle est ensuite devenue romancière; ses deux romans les plus influents étant The Fountainhead en 1943 et Atlas Shrugged en 1957.
Les opinions politiques et philosophiques de Rand transparaissent à travers ses romans. Rand est d’ailleurs la mère d’un courant philosophique appelé objectivisme. L’objectivisme implique que la raison d’être de l’humain est la poursuite de son propre bonheur et de son intérêt personnel. La conséquence de cette vision des choses est que le capitalisme basé sur le laissez-faire et protégeant la liberté individuelle est le seul système qui soit moral. Selon Rand, l’utilisation de la force physique contre la volonté d’un individu est immorale, même si cela vient de l’État. Le gouvernement ne devrait utiliser la force seulement que pour protéger les droits individuels, incluant la propriété. En protégeant les droits individuels, le gouvernement agit comme un agent des citoyens et n’a aucun droit autre que ceux conférés par les citoyens.
« I am not primarily an advocate of capitalism, but of egoism; and I am not primarily an advocate of egoism, but of reason. If one recognizes the supremacy of reason and applies it consistently, all the rest follows. » Ayn Rand.
Atlas Shrugged, publié en 1957, est certainement l’oeuvre la plus connue de Rand. Dans ce livre, un groupe de politiciens corrompus et opportunistes, auxquels l’auteure réfère souvent en les surnommant « les pilleurs », installent graduellement un système socialiste aux États-Unis. Pendant ce temps, les plus grands industrialistes du pays disparaissent mystérieusement les uns après les autres, précipitant l’économie et la société dans le chaos.
On peut y voir se dessiner « la route de la servitude » dans ses moindres détails, telle que décrite par Hayek. En même temps, Rand utilise ce livre pour faire l’apologie du capitalisme en tant que système économique et pour expliquer les nuances de sa propre philosophie : l’objectivisme.
Comme le mentionne Leonard Peikoff, ce livre est « une véritable révolution philosophique présentée sous la forme d’un roman à suspense ». L’intrigue est enlevante et le récit est plein de rebondissements inattendus. C’est probablement la meilleure oeuvre de fiction que j’ai pu lire dans ma vie. Mon principal reproche envers ce livre est que les descriptions et certains dialogues sont beaucoup trop longs, ce qui crée des longueurs dans le récit et augmente considérablement le nombre de pages de cette brique, la rendant par conséquent moins accessible au grand public.
Fait intéressant à noter, malgré la grande similitude entre l’objectivisme et le libertariannisme, Ayn Rand ne voulait aucunement s’associer aux libertariens, qu’elle décrivait comme étant :
« a monstrous, disgusting bunch of people who plagiarize my ideas when that fits their purpose ».
Elle déclarait d’ailleurs :
« They are not defenders of capitalism. They’re a group of publicity seekers… most of them are my enemies… I’ve read nothing by a Libertarian (when I read them, in the early years) that wasn’t my ideas badly mishandled—i.e., had the teeth pulled out of them—with no credit given. »
En réalité, Rand était surtout répugnée par les anarchistes, qui ne représentent qu’une faible portion des libertariens, qui sont surtout minarchistes comme les objectivistes. Je soupçonne aussi que Rand voulait conserver son hégémonie sur sa philosophie, question de préserver son prestige. Rand a d’ailleurs fait l’objet d’un véritable culte de la part de ses admirateurs, chose qu’elle semblait apprécier.
Personnellement, je considère que le minarchisme tel que je le présente sur ce blogue s’insère presque parfaitement dans l’objectivisme, qui est une philosophie beaucoup plus globale, et ce en tant que son volet politico-économique. Mon désaccord principal avec Ayn Rand est lié à la propriété intellectuelle, que Rand considère morale et légitime.
Notez que je dispose d’une traduction française de cet ouvrage en format PDF, que je vous enverrai par courriel si vous m’en faîtes la demande au minarchiste@gmail.com
En terminant, voici quelques bonnes citations tirées du livre :
“I swear by my life and my love of it that I will never live for the sake of another man, nor ask another man to live for mine.”
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“So you think that money is the root of all evil?” said Francisco d’Anconia, “Have you ever asked what is the root of money? Money is a tool of exchange, which can’t exist unless there are goods produced and men able to produce them. Not an ocean of tears not all the guns in the world can transform those pieces of paper in your wallet into the bread you will need to survive tomorrow. Those pieces of paper, which should have been gold, are a token of honor—your claim upon the energy of the men who produce. Your wallet is your statement of hope that somewhere in the world around you there are men who will not default on that moral principle which is the root of money, Is this what you consider evil? (…)
Gold was an objective value, an equivalent of wealth produced. Paper is a mortgage on wealth that does not exist, backed by a gun aimed at those who are expected to produce it. Paper is a check drawn by legal looters upon an account which is not theirs: upon the virtue of the victims. Watch for the day when it bounces, marked, ‘Account overdrawn.’
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« I do not seek the good of others as a sanction for my right to exist, nor do I recognize the good of others as a justification for their seizure of my property or their destruction of my life. »
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“My philosophy, in essence, is the concept of man as a heroic being, with his own happiness as the moral purpose of his life, with productive achievement as his noblest activity, and reason as his only absolute.”
Effectivement un des meilleurs livres de fiction que j’ai lu de ma vie. Le discours de Francisco d’Anconia est une pure merveille.
J’ai beaucoup aimé The Founthead, même au début les dialogues sont difficiles à suivre. J’ai aussi adoré The Anthem que j’ai lu d’une traite étant plus jeune.
J’ai aime FountainHead, et deteste Atlas Shrugged; long, pretentieux, mal ecrit parce que dicte par l’ideologie plutot que l’envie d’ecrire une bonne histoire. Toute la substance ideologique de Atlas Shruged est dans Fountainhead, mais dans une prose moins redondante, plus efficace, moins paternaliste.
@JC
Intéressant. Je n’ai pas lu Fountainhead, mais je le ferai incessamment.
J’adhère assez bien aux idées et à la philosophie promulguées par ce site. Malheureusement je ne partage pas l’enthousiasme envers ce livre.
Au début, d’accord, la situation est présentée avec une certaine intrigue. Mais les 2/3 du livre sont simplement des évolutions prévisibles de la situation de départ, sans surprise.
Je comprends que le roman voulait montrer le caractère inéluctable de l’évolution d’une société qui met le doigt dans l’engrenage, mais l’intérêt pour le lecteur diminue considérablement.
Bon, je l’admets, j’ai lu la version traduite (avec ses nombreuses fautes qui m’ont parfois distrait). Peut-être que la version originale est plus intéressante. Mais j’ai été déçu. Probablement parce que mes attentes étaient trop élevées en raison des éloges que j’avais lues à son sujet.
Bref, le message est bon, il y a quelques excellentes citations, mais tout cela dilué dans plus de 1000 pages dont plus de la moitié auraient pu être sautées. C’est un bon roman à connotation économique (car il y a peu de compétition dans ce domaine) mais ce n’est pas ce que je qualifierais d’incontournable de la littérature.
The causes of the economic crisis for non economists- Austrian Economics
http://www.scribd.com/doc/201709399/The-Causes-of-the-Economic-Crisis-For-Non-Economists-The-Austrian-School-Approach
Il existe une traduction francaise gratuite sur internet: http://www.minarchisteqc.com/wordpress/wp-content/uploads/La_Revolte_Atlas_Ayn_Rand_2009.pdf
(Si vous voulez lire Atlas Shrugged en francais gratuitement. Personnellement, je préfère lire en support livre, je n’aimes pas lire des livres sur internet)
« Ayn Rand et Friedrich A. Hayek: une comparaison »:
Cliquer pour accéder à lp-9-1-5.pdf
Ayn Rand et Friedrich A. Hayek ont été deux des penseurs les plus influents du XXe siècle dans leurs efforts pour détourner le courant de l’opinion du collectivisme et vers ce que l’on pourrait appeler le libéralisme classique ou le libertarisme. Le but de cet article pédagogique est d’expliquer, de décrire et de comparer les idées essentielles de ces grands défenseurs de la liberté dans un langage qui permet aux lecteurs généralement éduqués de comprendre, de reconnaître et d’apprécier leur signification. C’est pourquoi, il espère rendre accessibles les idées de Rand et Hayek à un large éventail de lecteurs grâce à des explications claires. Pour faciliter cette entreprise, l’article se termine par la présentation et la discussion d’un tableau qui résume et compare leurs idées sur une variété de problèmes et de dimensions de la philosophie et des sciences sociales.
« Rand et les Autrichiens: la valeur ultime et le principe de non-ingérence »:
Cliquer pour accéder à KTORAT.pdf
Cet article passe en revue quelques points d’accord entre l’objectivisme et l’école d’économie autrichienne. Il discute également de certains des points de départ avec l’objectivisme. L’une de ces raisons est la justification de Rand de considérer la vie comme la valeur ultime de l’homme. Cet article présente un cas que la reconnaissance de l’inévitabilité de la mort est nécessaire pour établir la vie en tant que valeur ultime de l’homme. Bien que l’inévitabilité de la mort soit implicite dans l’éthique objectiviste (en mettant l’accent sur la vie entière d’une personne), la discussion de Rand sur la valeur ultime porte sur la contingence de la vie , et non sur sa limite.. Cet article présente un exemple comparant un être avec une vie contingente et limitée à un être avec une vie contingente mais potentiellement sans fin. Ceci illustre la fonction de la limitation de la vie dans la valorisation. L’auteur de cet article qualifie quelque peu sa position en explorant une façon dont un être ayant une vie contingente mais potentiellement interminable peut apprécier sa vie dans son ensemble.Cet article explique aussi qu’un être avec une vie sans fin pourrait n’avoir aucune valeur ultime , mais pourrait avoir un nombre infini de buts. Enfin, cet article discute d’un scénario d’île désertique qui soutient le principe de non-interférence.
« Unité et intégration dans l’Atlas Shrugged d’Ayn Rand »
https://mises.org/system/tdf/lp-3-5_2.pdf?file=1&type=document
Cet article présente Atlas Shrugged comme un roman hautement unifié et intégré. Toutes les sections de l’article expliquent comment l’intégration et l’unité sont incarnées dans Atlas Shrugged . La première partie traite de la structure philosophique et littéraire du chef-d’œuvre de Rand. La section suivante concerne les questions d’économie politique. La section trois examine ensuite les techniques de caractérisation et de développement du caractère de Rand, comme démontré dans Atlas Shrugged . La partie suivante analyse les discours philosophiques. La dernière partie majeure considère Atlas Shrugged comme un moyen de changement social. La conclusion discute alors Atlas Shrugged comme la manifestation d’un roman philosophique entièrement intégré.