Suite à une attaque récente de la part de Paul Krugman sur son blogue suite à ce qu’il ait publié une étude recommandant à la Fed de relever sa cible de taux d’intérêt de 2%, l’économiste de l’Université de Chicago Raghu Rajan répondait à Krugman le 24 août dernier.
Bien entendu, l’économiste de l’école autrichienne que je suis ne peut être entièrement d’accord avec l’argument de Rajan. Sa position fait cependant beaucoup plus de sens que celle de Krugman. En voici les grandes lignes.
Rajan compare tout d’abord les bas taux d’intérêt à une subvention visant à inciter les emprunteur à s’endetter pour consommer et investir, ce qui stimulera la demande et la création d’emploi.
Il mentionne ensuite que plutôt que de subventionner la dette, nous pourrions subventionner l’essence. Cette subvention ferait baisser la facture énergétique des consommateurs et des entreprises qui auraient alors plus d’argent pour dépenser et investir. Serait-ce une bonne idée? Pas plus que de subventionner l’endettement. Voici pourquoi.
1) Il y a un coût aux subventions. Ce que le gouvernement donne aux uns, il doit le prendre à d’autres. Le coût d’une subvention sur l’essence proviendrait directement des contribuables, qui devraient réduire leur consommation d’autres biens et épargner moins pour payer la subvention.
La même chose d’applique aux taux d’intérêt. Pour mettre de la pression à la baisse sur les taux, la Fed crée de la monnaie, ce qui fait diminuer la valeur de l’épargne. Ce qu’elle donne aux endettés, elle prend subtilement des épargnants. L’épargne est à la base du processus de création de richesse. Il n’est certainement pas une bonne idée de la décourager lorsqu’on désire une reprise économique.
2) Les subventions créent des débalancements dans l’économie. Par exemple, la subvention sur l’essence stimulerait la consommation d’essence. Elle découragerait les ventes de petites voitures au profit des ventes de VUS. Autrement dit, elle avantagerait les énergivores au détriment des économes.
La même chose s’applique aux taux d’intérêt. De bas taux d’intérêt favorisent le crédit facile et l’endettement, ce qui mène souvent à des bulles spéculatives. Les bas taux d’intérêt abaissent artificiellement le coût du capital ce qui encourage le gaspillage de capital et décourage l’épargne.
3) Il y a ensuite le risque moral. Suite à l’implantation de la subvention sur l’essence, les conducteurs en viendraient à penser que lorsque l’économie irait mal, le gouvernement subventionnerait toujours l’essence. Les habitudes de consommation s’ajusteraient donc à cette anticipation, ce qui amènerait des déséquilibres à long terme; i.e. les gens hésiteraient moins à s’acheter un véhicule énergivore sachant qu’en cas de récession, la subvention les aiderait à payer l’essence.
La même chose s’applique aux taux d’intérêt. Lorsqu’une récession se pointe le bout du nez, les emprunteurs, les banques et les autres agents économiques s’attendent à ce que la Federal Reserve agisse pour abaisser les taux d’intérêt. Cette anticipation conditionne un comportement irresponsable.
Évidemment, je ne suis pas vraiment d’accord avec la prescription de Rajan, soit d’augmenter la cible de taux d’intérêt de la Fed de 2%. D’où peut bien venir ce chiffre après tout? Je pense qu’un taux dicté par le marché serait beaucoup plus approprié. Néanmoins, Rajan apporte d’excellent arguments démontrant les problèmes liés aux solutions keynésiennes.
Quelques autres stupidités de Paul Krugman :
Dans ce billet, Krugman nous montre un graphique montrant les pertes d’emplois cumulatives du secteur de la construction comparativement au secteur manufacturier. Il tente ainsi de démontrer que le problème de chômage aux États-Unis n’a pas été causé par du sur-investissement dans la construction et donc une inadéquation entre l’offre et la demande de travailleurs. C’est en quelque sorte un affront à la théorie autrichienne des cycles économiques.
Cependant, peut-être que si les pertes d’emplois du secteur manufacturier ont été plus élevées que celles de la construction, c’est parce que l’industrie manufacturière est beaucoup plus grosse que celle de la construction? Dans ce cas, il faudrait observer le taux de chômage dans chacune de ces industries, n’est-ce pas? Pas besoin d’un prix Nobel pour penser à ça! Le tableau ci-bas parle de lui-même…
Ensuite, dans ce billet, Krugman nous indique que le taux sur les obligations du gouvernement fédéral de 10 ans a descendu à 2.53%, un niveau très bas historiquement. Pour lui, c’est la preuve irréfutable que les déficits et l’endettement ne feront pas monter les taux d’intérêt. Krugman oublie (ou néglige de mentionner) que si les taux sont si bas, c’est parce que la Fed achète ces titres en immenses quantités avec de la monnaie créée à partir de rien.
Dans ce billet, Krugman nous montre un graphique illustrant que le PIB de l’Allemagne et celui des États-Unis en sont à peu près au même point par rapport à celui du quatrième trimestre de 2007. Sa conclusion : l’austérité Allemagne ne permet pas d’avoir une meilleure reprise économique. Il y a beaucoup de problèmes avec ce raisonnement est tellement il est simpliste.
1) Le PIB ne dit pas tout (que dire du taux de chômage qui est beaucoup plus bas en Allemagne), 2) pourquoi prendre le quatrième trimestre de 2007 comme point de départ, 3) l’équilibre budgétaire de l’Allemagne est loin d’être son unique différence avec les États-Unis, il y a énormément d’autres facteurs qu’on devrait considérer dans la comparaison.
On peut de plus expliquer à M. Krugman que la croissance du PIB de l’Allemagne est présentement en accélération alors que celle des États-Unis est en ralentissement. Ça rend son argument plutôt boîteux, d’autant plus que l’économie Allemande brille sur plusieurs fronts. Et contrairement à ce qu’affirme Krugman, ce ne sont pas seulement les exportations qui contribuent à la situation économique de l’Allemagne, mais aussi la demande intérieure.
Dans un autre billet, Krugman nous explique que les bulles spéculatives ne sont pas un problème, sauf lorsqu’elles mènent à une augmentation généralisée de l’endettement. Il tente ainsi de nous rassurer à l’égard du fait que les taux soient si bas présentement grâce à la politique monétaire de la Fed. Son raisonnement est cependant complètement inversé. Les politiques monétaires expansionnistes stimulent l’endettement, lequel mène aux bulles spéculatives. Celles-ci créent de graves déséquilibres dans l’économie. D’ailleurs, nommez-moi une bulle spéculative qui n’a pas été accompagnée d’une augmentation générale de l’endettement? C’est pourquoi il faut se méfier de la politique monétaire actuelle de la Federal Reserve et des prescriptions keynésiennes.
Finalement, dans un autre billet, Krugman se permet de s’auto-complimenter à l’égard du fait que contrairement à John Paulson, il avait prédit que l’économie ne reprendrait pas. Il y a cependant un grave problème avec cette vision des choses : les prescriptions de Krugman ont été appliquées presqu’à la lettre par les gouvernements et banques centrales, et celles-ci se sont avérées un échec lamentable. La seule défense de Krugman est de prétendre que ce n’était pas assez, ce qui totalement absurde puisque les stimuli fiscaux et monétaires ont été immenses.
En passant, les nouvelles économiques sont peu réjouissantes dernièrement. Le marché immobilier américain est clairement en détérioration alors que plusieurs indicateurs-clés tels que les nouvelles commandes de biens durables sont en train de plafonner. Cela donnera malheureusement des armes à ceux qui veulent faire accepter un autre plan de relance. Ce qui est en encore plus catastrophique est que pour le financer, les baissent d’impôts instaurées par le président Bush ne seront probablement pas renouvellées, ce qui nuira encore plus à la reprise économique. Quel gâchis…
Honnêtement, ne soyez pas surpris d’entendre parler du terme sécession dans l’opinion publique Américaine si on utilise la méthode Japonaise.
Heureusement, Krugman va probablement finir à être tout simplement ignoré, car à part le NY Times, les autres tribunes économiques ne sont pas un signe de sa popularité.
Un documentaire est sorti récemment sur la présente crise et ses fondements:
« Overdose: the next financial crisis ».
Intéressant puisqu’il présente un point de vue rarement présent dans nos médias: celui de l’École autrichienne.
En Belgique nous avons droit sur le site de la RTBF aux chroniques régulières de P. Krugman. J’ai un jour fait remarquer que si l’Amérique était devenue une puissance économique c’est parce que son système a permis aux doués, aux chanceux , aux audacieux et aux travailleurs de devenir riches sans pour cela qu’ils doivent en avoir honte. Les gens à succès ont toujours faits l’objet d’admiration plutôt que de jalousie.
Avec P.Krugman tout devrait changer, il voudrait prendre aux riches (il a vraiment une fixation morbide sur les 120.000 visés) pour donner aux sous-doués, aux malchanceux et aux fainéants. de plus tous ceux qui ont de l’argent sont presque considérés comme des criminels.
Quil aille prêcher chez Obama pour que le gouvernement américain montre d’abord les dents aux chinois concernant leur politique monétaire et puis que le gouvernement stimule fiscalement le réinvestissement de l’argent américain en amérique. Qu’il n’essaye pas de prendre la place de la Belgique comme n°1 de l’assistance publique mondiale. Qu’il laisse cela à nos connards de profiticiens.
@cricri
Bienvenue sur mon blogue.
Tapez « Krugman » dans le moter de recherche de ce blogue et vous verrez tous mes articles réfutant ses articles.
@minarchiste
Grand merci.En effet vos articles sont très édifiants. Magnifiques démonstrations.
Personnellement j’adore simplifier tout, car en simplifiant on touche le fond du problème et on met le doigt dans la plaie. En parlant de relance, pour un nul comme moi qui n’a pas de Nobel, je crois que ce n’est pas la planche à billet qui peut relancer (virtuellement) la consommation , mais bien de l’argent épargné qui existe réellement et qui est réinjecté dans l’économie produisant ainsi une diminution des chômeurs et donc une augmentation de consommateurs potentiels qui possédent réellement de l’argent.
Tout le système américain basé sur le crédit est de par lui-même un système hypotéqué à terme. Si j’insiste sur les termes » virtuel » et « réel » c’est parce qu’à mon humble avis toute la différence réside là. si p.ex. la Belgique avec une dette de plus de 100% du PIB n’est pas quotée comme dangereuse c’est parce que le matelas d’épargne des belges cautionne la dette.
Si le gouvernement américain parvenait à mettre au point un système ou le rapport d’un capital réinjecté dans des industries américaines situées sur le sol américain et fournissant de l’emploi à des américains, serait partiellement exonéré de taxes, je crois que cela pourrait relancer la machine.
Soutenir des sans-emplois dans l’espoir qu’ils consomment, comme le dit Krugman, est pour moi une utopie. La démonstration de ce système existe en Belgique et c’est une catastrophe.
Le jour ou la gauche mondiale comprendra et admettra qu’il y a moyen de se faire de l’argent autrement qu’en puisant dans les caisses de l’état, on progressera.
@Cricri
Le seul plan de relance qui fonctionne réellement est la réduction des impôts. Cependant, pour ne pas créer de déficits, les réductions d’impôts doivent être accompagnées d’une diminution des dépenses de l’État.
C’est ce qui a été fait aux États-Unis lors de la dépression de 1920-21. Résultat: une reprise rapide et vigoureuse.
Exact, l’Allemagne vient de revoir son taux de croissance de 1.6% vers 3%. Comme quoi rigeur (diminution des dépenses) ne veut pas dire arrêt sur image.
Ce qui me chifonne un peu aux USA c’est par exemple qu’à Las Vegas tous les projets et investissements sont stoppés depuis 2 ans et que ces mêmes investisseurs se sont tournés vers l’orient pour des projets identiques entre-temps réalisés. Pourquoi?…..taxation?
Le Robert Murphy du Mises Institute publie un excellent billet ce matin à l’égard du fameux graphique des pertes d’emplois.
Il montre bien à quel point le cycle économique actuel est parfaitement expliqué par la théorie autrichienne.
« Besides general observations about the economy as a whole, Austrian business-cycle theory makes predictions (other things being equal, of course) about the relative impacts on particular sectors. For example, the « higher-order » (or more capital-intensive) sectors of the economy would crash much harder than the « lower-order » sectors, such as retail. (…) Let’s look at the percentage decline in (a) construction employment, (b) durable-goods manufacturing, and (c) nondurable-goods manufacturing. In the Austrian framework, construction would typically be the « highest order » of these, because things like office buildings and houses are very capital-intensive and provide a flow of services for decades. Next in line would be durable-goods manufacturing, while nondurable-goods manufacturing would be the « lowest order » of these three categories. Here’s the chart, showing an index of employment in these three sectors, and covering the same time period as Krugman’s chart: »
Pour voir le graphique:

Et l’article entier:
http://mises.org/daily/4682
Oui, mais justement, le « nondurable goods manufacturing »aurait dû augmenter…
@Fred
Pas augmenter, juste faire mieux que les durable goods et la construction, tel que prévu par l’ABCT.
@minarchiste:
Oui, mais çà c’est le cas de n’importe quelle théorie du cycle (keynésienne incluse).
@Fred
Non. Les keynésiens parlent de « demande agrégée » ou « LA » demande.
La théorie autrichienne considère la demande des différentes industries selon leur incidence temporelle. C’est pourquoi nous n’aimons pas que la banque centrale manipule la masse monétaire car cela brouille le signal des taux d’intérêt et déroute les préférences temporelles.
Pour les keynésiens, les préférences temporelles n’existent pas. Ils ne considèrent même pas que le taux d’intérêt soit un prix. Conséquemment, ils n’ont rien à faire de l’impact des taux d’intérêt sur les différentes industries. C’est pourquoi leurs prescriptions engendrent des déséquilibres si grands (a.k.a. bulles).
Faudrait arrêter de prendre les keynésiens pour des abrutis. Bien sûr qu’ils ont vu que certains secteurs étaient plus affectés que d’autres. Bien sûr qu’ils ont vu qu’un taux bas favorisait les activités fortement capitalistiques. Mais en tant que telle, l’ABCT n’explique pas pourquoi les activités faiblement capitalistiques n’embauchent pas. La théorie keynésienne si.
Si l’ABCT était correcte, on aurait dû observer des bulles inversées, où la banque centrale aurait fixé ses taux trop hauts avec un surcroit d’activé dans les activités peu capitalistiques et du chômage au moment de la baisse des taux. L’ABCT ne fournit aucune explication de cette dissymétrie.
@Fred
« Faudrait arrêter de prendre les keynésiens pour des abrutis. »
Ils nous rendent la tâche bien difficile à cet égard!
« Bien sûr qu’ils ont vu qu’un taux bas favorisait les activités fortement capitalistiques. »
Ha oui? Pas vu.
Comme je disais à M.H., l’ABCT n’est pas vraiment concernée par l’intensité du capital, mais plutôt par l’horizon temporel (le payback period), chose totalement inconnue des keynésiens.
« l’ABCT n’explique pas pourquoi les activités faiblement capitalistiques n’embauchent pas. »
Bien sûr que si; vous connaissez bien mal cette théorie. Revoir la partie 3 sur les cycles économiques:
Pourquoi est-ce que le taux de chômage a augmenté dans toutes les industries (sauf au sein du gouvernement) et non seulement dans la construction malgré le fait que la bulle spéculative de 2006 ait sévi dans l’immobilier ? Il ne faut pas oublier qu’une portion significative de l’industrie manufacturière américaine est directement reliée à la construction. Par exemple, si vous fabriquez des pentures de portes d’armoires de cuisine, des aspirateurs centraux, des stores verticaux, des vis à gypse, des moulures en mdf, des robinets, etc, la prospérité de l’entreprise qui vous emploie sera fort influencée par l’industrie de la construction résidentielle. Il y a aussi eu beaucoup d’emplois affectés dans les services: tels que les agents immobiliers, les notaires, les décorateurs, les paysagistes, les arpenteurs, les architectes, les préposés aux prêts hypothécaires dans les banques, etc. Et que dire de l’industrie du bois d’oeuvre et autres matériaux de construction, qui ont connu tout un choc suite à l’implosion de la bulle. Ensuite, il faut considérer l’industrie du commerce de détail et les manufacturiers des produits que ceux-ci vendent, parce que beaucoup d’américains ont profité de la bulle pour réhypothéquer leur maison à une valeur plus élevée, ce qui leur a permis de hausser leur consommation à court terme, par exemple pour s’acheter de nouveaux meubles, des cinéma-maisons, des bateaux, etc. Après le passage de cette manne, le retour à un niveau de consommation non-dopé par l’endettement a été brutal pour ces industries. Ainsi, l’implosion de la bulle immobilière n’a pas seulement affecté les emplois directs dans la construction, mais presque tous les emplois.
« Si l’ABCT était correcte, on aurait dû observer des bulles inversées, où la banque centrale aurait fixé ses taux trop hauts »
La banque centrale a comme politique de maintenir les taux les plus bas possible (en maintenant la croissance de l’IPC autour de 2%); les épisodes de taux trop élevés sont donc peu probables. Les banques centrales ont plutôt tendance et propension à maintenir les taux toujours trop bas, ce qui crée des bulles et des cycles économiques.
D’autre part, pour savoir si les taux sont « trop élevés », il faudrait d’abord savoir quels seraient les taux du libre-marché, ce qui n’est pas possible étant donné la présence de la banque centrale et de sa politique monétaire.
fred,
« Si l’ABCT était correcte, on aurait dû observer des bulles inversées, où la banque centrale aurait fixé ses taux trop hauts avec un surcroit d’activé dans les activités peu capitalistiques et du chômage au moment de la baisse des taux. »
Vous oubliez que si les taux sont trop hauts, ça voudrait dire que les gens consomment moins. Il n’y a pas de surchauffe. Une bulle n’est effective que s’il y a effet de surchauffe. Cela ne peut être le cas qu’avec de faibles taux, ou 1) l’achat d’actions est subventionné et 2) la consommation est subventionnée.
Par ailleurs, si le taux est haut, ça signifie que l’épargne disponible est rare (dans le cas de la BC, ce sont les liquidités qui ne sont pas accessibles, en raison du prix, ce qui revient à la même chose). De ce fait, il n’y a pas de surcroit d’investissement, dans n’importe quelle branche d’activité.
@minarchiste:
L’inégalité de la crise suivant les secteurs avait déjà été observée par Marx. L’apport dans ce domaine de l’ABCT n’a rien de remarquable. C’est de la micro tout-à-fait classique. On peut tout-à-fait incorporer différents secteurs dans les modèles keynésiens (les modèles de type DGSE le font) mais on obtient guère plus d’enseignements.
@M.H.:
« Vous oubliez que si les taux sont trop hauts, ça voudrait dire que les gens consomment moins. « :
Mon dieu, un début de raisonnement keynésien. Donc, une politique monétaire accomodante aurait un effet positif sur l’emploi. Dans, ce cas pourquoi cet effet positif cesserait pendant la phase de retournement?
fred,
« Oui, mais justement, le « nondurable goods manufacturing »aurait dû augmenter… »
C’est aussi la remarque que faisait Krugman. Les biens non-durable auraient du monter, selon lui, toute chose égale.
En fait, tout va baisser, parce que les individus doivent rembourser toutes les dettes contractées durant la phase d’expansion. Plus il y en a eu, et plus la durée de « correction » sera longue. Dans tous les cas, tous les secteurs doivent péricliter, d’autres plus vite, d’autres moins vite.
Ce que je comprends moins en revanche, c’est ce qu’englobe nondurable goods dans le graphique que vous indiquez. Est-ce que ça inclut les matières premières ? d’après l’ABCT, ce sont ces emplois qui devraient être les plus touchés, puisqu’ils se situent en amont de la structure de production.
Or, les nondurable goods baissent moins que les autres.
A moins que les emplois « Construction » (USCONS) incluent justement le travail des matières premières ? (bois, métal, etc.)
Si ce sont les emplois liés aux matières premières, travail dans les mines, le raffinage, etc. qui subissent les plus lourdes pertes, alors les prédictions de l’ABCT se confirment.
Est-ce le cas ?
@M.H.
« Est-ce que ça inclut les matières premières ? d’après l’ABCT, ce sont ces emplois qui devraient être les plus touchés, puisqu’ils se situent en amont de la structure de production. »
Je ne suis pas sûr que tu interprète correctement l’ABCT. La question n’est pas si c’est en amont ou en aval. C’est plutôt l’horizon temporel de la production qui compte.
Les métaux servent à la fois à la production de biens de consommation durables et non durables, de biens de production et d’immobilisations. Ils n’entrent donc pas dans une catégorie temporelle particulière.
De plus, ils font aussi l’objet de spéculation et d’investissement direct.
Néanmoins, voici le graph:
http://research.stlouisfed.org/fred2/graph/fredgraph.png?&chart_type=line&graph_id=&category_id=&recession_bars=On&width=630&height=378&bgcolor=%23B3CDE7&graph_bgcolor=%23FFFFFF&txtcolor=%23000000&ts=8&preserve_ratio=true&fo=ve&id=USMINE&transformation=nbd&scale=Left&range=Custom&cosd=2007-12-31&coed=2010-09-01&line_color=%230000FF&link_values=&mark_type=NONE&mw=4&line_style=Solid&lw=1&vintage_date=2010-10-18&revision_date=2010-10-18&mma=0&nd=2007-12-01&ost=&oet=&fml=a
Encore merci minarchiste.
Le graphique est très explicatif. J’avais lu un article du mises.org autrefois sur la bulle japonaise. L’auteur de l’article disait : « comme le prédisait la théorie autrichienne, les métiers du mining, refining, et de façon générale du natural resources furent les plus durement touchés par la récession ».
Mais il n’y avait pas de graphique avec l’article. C’est pourquoi je posais la question.
« Je ne suis pas sûr que tu interprète correctement l’ABCT. La question n’est pas si c’est en amont ou en aval. C’est plutôt l’horizon temporel de la production qui compte. »
Je pense que c’est quand même lié, et nous parlons bien tous les deux de la même chose (mais pas avec les mêmes mots). Ce qui est en aval (transport, distribution, détail) c’est de l’investissement peu strict en capital. Ce qui est en amont, c’est l’investissement très exigeant en capital.
@M.H.
Il faudrait que tu retrouves cet article du Mises Institute.
« Ce qui est en aval (transport, distribution, détail) c’est de l’investissement peu strict en capital. Ce qui est en amont, c’est l’investissement très exigeant en capital. »
Justement, l’ABCT n’est pas vraiment concernée par l’intensité du capital, mais plutôt par l’horizon temporel (le payback period).
Les investissements en inventaires de détail sont rapidement récupérés en quelques mois.
Les investissements en biens de production sont rentabilisés sur plusieurs années.
Les investissements en R&D sont rentabilisés sur 8 à 10 ans.
Concernant les ressources, il ne faut pas oublier que depuis presque 10 ans, les prix des métaux tels que le cuivre, l’aluminium et l’acier fluctuent au gré de la Chine, qui n’a pratiquement pas bronché durant la récession mondiale. D’autre part il y a l’or et l’argent qui vont à contre-courant (je pense que c’est d’ailleurs le segment le plus important du secteur des ressources après le pétrole et le gas, donc fort important).
Ça y est. Je viens de le retrouver. Faut regarder directement à la page 14. (le tableau page 4 est pas mal non plus)
Cliquer pour accéder à qjae5_2_3.pdf
« One prediction that Austrian business cycle theory provides has been accurate. The industries in the earliest stages of production have had the worst growth rates throughout the entire decade. »
Sinon, par rapport à l’horizon temporelle dont tu parles, la page 15 de l’article est on ne peut plus explicite :
« The mining industry is capital intensive and one of the stages of production farthest from eventual consumption. Manufacturing is also relatively capital intensive and one of the earlier stages of production, although less so than the mining industry. Wholesale and retail are relatively less capital intensive and are in the later stages of production. »
L’essentiel de l’investissement s’est porté sur le long terme. Avec la récession, il y a eu nécessité de réajuster les préférences sur le court terme.
@Fred
« Donc, une politique monétaire accomodante aurait un effet positif sur l’emploi. »
L’ABCT ne nie absolument pas cela!
Le problème est que « cet effet positif sur l’emploi » est temporaire et insoutenable parce que financé par de l’endettement facilité par une politique monétaire inflationniste.
L’endettement est le déplacement de consommation future vers le présent. Cet épisode est nécessairement suivi d’une réduction de la consommation future pour rembourser la dette ayant financé la consommation passée.
Donc, les cycles d’endettement excessif résultant de la politique monétaire sont nécessairement suivi de périodes de désendettement. Le cycle boum-and-bust résulte donc presque entièrement de la politique monétaire inflationniste.
C’est de l’arithmétique pure et simple! Et l’observation le confirme en plus!
fred,
Non, ce n’est pas mon propos.
Si les prix baissent, la consommation est stimulée, les gens « cassent » leurs épargnes pour consommer. Sauf quand ils se sont tous déjà endettés (période de récession) lors de la phase d’expansion.
Imaginez si les salariés n’épargnent même pas un centime, et claquent tout d’un coup. Les prix vont augmenter, et les taux augmenter parce qu’il n’y a presque pas d’épargne. Les individus vont préférer épargner un peu plus, parce que ça rapporte plus que de consommer aujourd’hui. S’ils épargnent trop, les prix baissent, et ils se remettront à consommer, et puisqu’il y a un surplus d’épargne, les taux vont également baisser (les dépôts sont moins rémunérateurs).
Dans une économie libre, il n’y a pas de taux trop haut ni trop bas, du moins, pas à long terme, parce que les individus vont redéfinir leurs priorités en fonction du coût d’opportunité.
Rappelez-vous ce que le keynésien Krugman disait il y a des années à propos de la mondialisation : « toute production doit forcément aller quelque part ». Sur le coup, il a entièrement raison.
Ce n’est pas en jouant avec les taux qu’on va modifier durablement l’emploi.
Minarchiste (juste au-dessus) vient d’expliquer pourquoi.
@minarchiste,M.H.:
Le problème, c’est qu’avec votre argumentation, vous pourrez toujours dire « les taux sont trop bas ».
Tandis que si on a une cible, on peut – au moins à posteriori – dire s’ils sont trop bas ou trop hauts.
@Fred
» si on a une cible, on peut – au moins à posteriori – dire s’ils sont trop bas ou trop hauts. »
Et à quoi cela pourra-t-il bien servir?
C’est complètement absurde!
Lançons un bâton de dynamite dans un étang, et lorsque les poissons morts se mettront à flotter à la surface, nous saurons qu’il y avait vraimnt des poissons dans le lac. Autrement, aucun moyen de le savoir avec certitude!
Tu es vraiment rendu au bout de tes arguments…
@minarchiste:
Je dis juste que d’après vous, la politique monétaire ne peut être que trop accomodante.
Je pense que cette position n’est pas tenable.
Pour simplifier, disons que le NAIRU (Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment) existe.
Si on maintient le chômage sous le NAIRU, il s’ensuit au bout de quelques années une inflation incontrôlable.
Actuellement, nous sommes nettement en dessous du NAIRU. La preuve: l’inflation a diminué et le chômage a monté en flèche. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas se permettre de faire descendre le chômage juste au-dessus du NAIRU.
@Fred
« Pour simplifier, disons que le NAIRU (Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment) existe. »
Comme simplification s’en est toute une! Et je ne vous la concèderai certainement pas.
Comme si en créant de la monnaie les emplois soutenables allaient apparaître comme par magie. Après $1.7 trillion injectés par la Fed, si ça fonctionnait comme ça, nous devrions commencer à voir des résultats. L’absence de résultats concrets confirme l’inexactitude de cette vision keynésienne des choses.
« Après $1.7 trillion injectés par la Fed(…) »: oui, mais il n’y a pas eu non plus de poussée d’inflation. Donc, le coût de l’opération pour la communauté est nul. Qui plus est, vous ne savez pas ce qui se serait passé si ces opérations n’avaient pas été effectuées.
Sinon, vous ne m’avez toujours pas répondu quel indicateur vous permettait de dire que la politique monétaire actuelle était trop accomodante. Si vous n’avez pas d’indicateur, cela signifie que votre taux d’intérêt réel optimal est infini.
Moi j’en ai un: l’inflation qui est en-dessous de la cible d’inflation.
@Fred
« Donc, le coût de l’opération pour la communauté est nul. »
Faux! Observez l’impact que cela a eu sur le dollar US. Les importations coûtent maintenant plus cher et cela n’est pas mesuré par l’IPC core. Le pouvoir d’achat des américains a diminué ce qui signifie un appauvrissement.
« quel indicateur vous permettait de dire que la politique monétaire actuelle était trop accomodante. »
L’apparition de bulles ici et là.
« Si vous n’avez pas d’indicateur, cela signifie que votre taux d’intérêt réel optimal est infini. »
Nous n’en avons pas de besoin. Ce devrait simplement le marché qui détermine les taux d’intérêt.
« Faux! Observez l’impact que cela a eu sur le dollar US. Les importations coûtent maintenant plus cher et cela n’est pas mesuré par l’IPC core. Le pouvoir d’achat des américains a diminué ce qui signifie un appauvrissement. »:
Mais d’un autre côté, il est plus facile pour les américains de servir leur dette extérieure. Donc, l’appauvrissement net est plus que douteux.
« L’apparition de bulles ici et là. »: Ah oui, vous trouverez toujours des prix qui augmentent plus que d’autres.
« Nous n’en avons pas de besoin. Ce devrait simplement le marché qui détermine les taux d’intérêt. »:
Ah oui, bien d’accord avec çà. Le taux ne devrait pas jamais être fixé en raison de bulles qu’on ne saurait reconnaître. Ils devraient être fixés de tels sorte que les marchés anticipent une inflation égale la cible d’inflation.
http://gregmankiw.blogspot.com/2006/07/how-to-decentralize-monetary-policy.html
Ceci dit, je préfère encore le système proposé par Sumner, qui a l’avantage d’être beaucoup plus claire et de ne pas faire intervenir du tout les taux d’intérêt:
http://www.themoneyillusion.com/?p=4
@Fred
La population n’a pas de dette extérieure, c’est le gouvernement qui l’a.
Pourquoi pas le système de Friedman alors?
3% d’augmentation de la masse monétaire par an et on n’en parle plus.
Je préfère cela à une cible d’inflation, qui a nettement prouvé son inefficacité.
@minarchiste:
Oui, enfin c’est quand même le citoyen américain qui paye tout çà avec ses impôts (et si le gouvernement fait défaut, cela n’est pas sans conséquences pour ses habitants. Cf. l’Argentine où d’autres pays ont saisi des avoirs de ses citoyens suite au défaut.). Et la position extérieure des États-Unis est bien négative.
Le système de Friedman serait parfait si la vitesse de circulation de la monnaie était constante. Mais malheureusement elle ne l’est pas. Il a été testé au début des années 1980 et a été très rapidement abandonné.