Selon Jean-François Lisée et ses copains écolo-fascistes d’Équiterre, le gouvernement Québécois devrait intervenir pour réduire la dépendance du Québec au pétrole. Tout d’abord, leur analyse est basée sur certaines prémisses qu’il convient d’énumérer:
1) Le pic pétrolier est imminent: Selon Équiterre, il ne fait aucun doute que le pic pétrolier fera incessamment monter le prix du pétrole, ce qui résultera en une véritable catastropĥe économique pour le Québec parce que nous en consommons, mais n’en produisons pas (encore). Voir mon dossier sur le sujet ici.
2) Il faut réduire les GES: Selon Équiterre, le réchauffement global anthropogénique est réel, donc les humains doivent réduire leurs émissions de GES. Pour une raison inconnue, le Québec se doit d’être un précurseur à cet égard.
3) Importer du pétrole, c’est mal: Équiterre semble perpétuer la croyance populaire selon laquelle il faut absolument être un exportateur plutôt qu’un importateur. Pour une raison inconnue, cela est encore plus important lorsqu’il s’agit de pétrole.
Premièrement, si les Québécois achètent du pétrole, c’est parce que cette source d’énergie leur convient à ce prix. Lorsque ce ne sera plus le cas, les alternatives apparaîtront et l’économie s’adaptera, pas besoin d’intervention étatique pour cela. Comme je le mentionnais ici, l’adaptation sera douloureuse, mais l’intervention étatique ne fera qu’empirer les choses.
D’ailleurs, si on observe les chiffre de production et de consommation pour les pays industrialisés, il semble que le pic pétrolier est déjà derrière nous et que l’adaptation est déjà en branle, avec ou sans l’intervention de l’État. En fait, je crois que l’État ne peut qu’empirer les choses en faisant de mauvais choix, comme ce fut le cas avec le fiasco de l’éthanol à base de maïs.
Deuxièmement, le Québec est déjà un faible émetteur de GES grâce à son réseau hydro-électrique / éolien. Pourquoi faudrait-il en faire encore plus au niveau des GES pour le moment? D’ailleurs, il n’y a définitivement pas encore de consensus au sujet des changements climatiques.
Troisièmement, le commerce international, comme n’importe quel échange, consiste à échanger un bien pour un autre bien qui nous procure davantage d’utilité. Ainsi, les deux parties de l’échange améliorent leur utilité économique. Si le Québec est un importateur de pétrole, c’est parce qu’il y voit un avantage. Lorsque ce ne sera plus le cas, nous n’en importerons plus, c’est tout. Adam Smith a démontré à quel point la division du travail améliore le niveau de vie de la société. Cela implique que nous ne pouvons produire l’ensemble des biens et services dont nous avons besoin. C’est pourquoi nous faisons du commerce international et importons ces biens et services que nous ne produisons pas; le pétrole en fait partie. Nous avons tous un incitatif à consommer moins de pétrole; cet incitatif se nomme le prix. Le prix dictera notre comportement économique et forcera notre adaptation à un monde où le pétrole est de plus en plus rare. Pas besoin de mesures étatiques fascistes pour forcer une adaptation qui pourrait bien être prématurée.
D’ailleurs, il ne faut pas oublier que le Québec pourrait très bientôt devenir un producteur de pétrole, grâce aux récents développements technologiques permettant d’exploiter les schistes. D’autre part, il ne faut pas oublier non plus que le Québec bénéficie grandement de la production pétrolière de l’Alberta grâce à la péréquation.
Ceci étant dit, Équiterre propose cinq grands chantiers étatiques visant à réduire notre dépendance au pétrole.
1) Équiterre plaide pour articuler le développement des villes autour de principes d’économie d’énergie, entreprendre la densification des milieux déjà construit tout en créant des « coeurs villageois » et imposer un moratoire sur toute nouvelle construction en « zone verte ».
Ce que Équiterre ne comprend pas est qu’il y a des raisons pour lesquelles les gens s’intallent en banlieue (prix immobiliers moins élevés, meilleure qualité de vie). Pour eux, ces raisons justifient pleinement le déplacement et le coût en essence. De plus, Équiterre n’explique pas concrètement comment ils s’y prendraient pour densifier les banlieues et quelles sont les implications (par exemple, y aurait-il des expropriations?). Je n’ai rien contre les villes qui font de l’urbanisme, mais ce n’est pas à Équiterre ni au gouvernement provincial de leur imposer des « coeurs villageois » ou tout autre aménagement.
2) Équiterre propose aussi que d’ici 2030, 80% des Québécois disposent d’une alternative abordable et attrayante à la voiture solo et que les grandes villes québécoises soient reliées par un réseau efficace de trains.
Le problème principal avec les trains de banlieue au Québec est qu’ils sont entre les mains de l’État! Le train ainsi que tout autre transport en commun n’est viable que si la demande le justifie. Un train vide à 80% est plus énergivore qu’une voiture occupée par deux passagers. Or, l’AMT et la STM sont totalement déconnectés de la demande (je peux en témoigner). Les investissements sont insuffisants et mal planifiés, le service est médiocre et les coûts sont gonflés par des syndicats gourmands et la bureaucratie étatique. La privatisation des transports en commun serait la meilleure façon d’assurer un service compétitif, rentable et au diapason de la demande du marché.
3) Équiterre voudrait réduire la consommation de carburant du transport de marchandise en favorisant les carburants de remplacement, en favorisant le transfert modal et en valorisant la consommation de produits locaux.
Comme si les entreprises de camionnage n’essayaient pas déjà de réduire leur consommation d’essence et que les expéditeurs ne tentaient pas déjà d’optimiser les routes en utilisant les différents modes de transport! Et à quels carburants de remplacement Équiterre fait-elle référence? À ma connaissance, nous n’en disposons pas encore qui puisse rivaliser avec le pétrole.
D’autre part, la valorisation des produits locaux implique des mesures protectionnistes néfastes pour la compétitivité du Québec. Lorsque le prix du pétrole sera à $250/baril, les produits locaux seront naturellement favorisés par le libre-marché, mais pour le moment il n’y a pas de problème.
4) Équiterre souhaite également une réduction du kilométrage moyen des aliments disponibles en épicerie à un rayon de 500 km et une amélioration du bilan énergétique des agriculteurs.
Encore une fois, même raisonnement qu’au point numéro 3. Aucune action immédiate n’est requise de l’État. Les agriculteurs ont un incitatif à réduire leur consommation d’énergie pour maximiser leur profit.
5) Équiterre propose finalement une conversion de 90% des systèmes de chauffage au mazout vers des formes d’énergie renouvelables.
À cet égard, on peut supposer qu’Équiterre souhaite que l’État subventionne ces investissements, qui ne sont présentement pas justifiés si on fait une analyse coût / bénéfice. En quoi ces résidents chauffant au mazout méritent-ils un tel cadeau de l’État? C’est une injustice flagrante pour les contribuables.
Conclusion:
En somme ce rapport n’est que du pelletage de nuage écolo-fasciste pour tenter de régler une problème qui n’en est pas un. Équiterre voudrait que l’État force le Québec à délaisser le pétrole, alors que les marchés, si laissés libres, génèreront le changement naturellement. Les proposition d’Équiterre ne sont pas bien concrètes et plutôt naïves.
Si le Québec consomme beaucoup de pétrole, c’est parce que cette forme d’énergie est présentement la plus avantageuse. Il n’y a aucune raison de changer cela et lorsque ce ne sera plus le cas, le Québec s’adaptera.
Cette confiance aveugle en les mécanismes du marché pour résoudre tous les problèmes m’amuse toujours.
Dire qu’il n’est pas nécessaire de se préparer au pic du pétrole
parce que l’ajustement par les prix s’en chargera revient à dire en fonçant vers un mur qu’il n’est pas nécessaire de freiner parce que le mur se chargera bien de nous arrêter.
Si nous avons la conviction que nous allons dans le mur, ne serait-il pas sage de mettre cette information à profit pour éviter que le choc soit trop brutal?
@JC Francois
Vous dîtes:
« Si nous avons la conviction que nous allons dans le mur, ne serait-il pas sage de mettre cette information à profit pour éviter que le choc soit trop brutal? »
Vous parlez comme si, du jour au lendemain, la production de pétrole allait chuter de 50% et le prix monter de 1000%! La beauté du marché est justement que le signal quant aux mouvements de l’équilibre offre / demande est transmis par le prix bien avant la pénurie.
Au milieu du 19e siècle, le monde parlait de pénurie de charbon; l’économiste Jevons était un supporteur de la théorie du « peak coal » et prédisait que l’économie de l’empire Britannique stagnerait vers 1900….mais le marché a fait son oeuvre et nous utilisons encore le charbon de nos jours!
Au contraire, on voit le mur au loin et on réduit tranquilement notre vitesse ou on change graduellement de direction pour l’éviter. Les gens changent leurs habitudes et s’organisent autrement. Pas besoin d’Équiterre pour ça; l’essence à $1.15 le litre est bien assez convainquant.
Avez-vous vraiment besoin que l’État vienne peser sur le frein à votre place lorsque vous conduisez votre voiture? À en juger de la performance de l’État, je ne compterais pas sur lui pour cela!
« Avez-vous vraiment besoin que l’État vienne peser sur le frein à votre place lorsque vous conduisez votre voiture? À en juger de la performance de l’État, je ne compterais pas sur lui pour cela! »
Surtout si vous avez une Prius…!
http://www.thestar.com/business/article/760290–prius-brakes-latest-concern-for-toyota
Héhé.
Minarchiste:
>> Vous parlez comme si, du jour au lendemain, la production de pétrole allait chuter de 50% et le prix monter de 1000%!
Tout est une question d’échelle de temps. Il ne faut qu’une baisse de 2-3% par an pour atteindre des proportions catastrophiques très rapidement (par ex. -3.5% par an pendant 20 ans seulement équivaut à la chute de 50% dont vous parlez).
>> La beauté du marché est justement que le signal quant aux mouvements de l’équilibre offre / demande est transmis par le prix bien avant la pénurie.
Vraiment? A l’échelle dont nous parlons je pense que le signal du marché viendra trop tard. N’oubliez pas que la demande d’énergie est extrêmement inélastique. En d’autre termes, il faut une très grande correction de prix pour « détruire » une petite quantité de demande.
Mais le problème est surtout que trouver un remplacement pour cette perte de capacité de production d’énergie demandera des efforts considérables en termes financiers et humains qui prendront des dizaines d’années (la capacité éolienne en Belgique n’est que de 2% du total malgré des « investissements massifs ces 10 dernières années »). Cette remarque n’est pas seulement valable pour la mise en place d’énergies renouvelables mais également si vous préférez considérer le remplacement de cette capacité de production perdue par de nouveaux de puits de pétrole ou des sables bitumineux. L’inertie du marché ne permettra pas un ajustement assez rapide pour éviter des dégâts profonds. Voyez pour cela la situation actuelle de sous-investissement dans l’exploitation pétrolière et le vieillissement des installations.
>> Avez-vous vraiment besoin que l’État vienne peser sur le frein à votre place lorsque vous conduisez votre voiture?
Personnellement peu m’importe qui enfonce le frein pour autant que le freinage ait lieu. Contrairement aux économistes Autrichiens (dont vous vous réclamez je présume) j’ai une opinion nuancée sur les avantages et les inconvénients du marché et de l’état.