Ce dossier vise à analyser les impacts économiques du programme du parti Québec-Solidaire. La première partie traitait de la santé et l’éducation, la seconde partie traitait de la pauvreté, du travail, de la famille et de la culture, la troisième partie traite de justice, développement économique et environnement.
Le Québec-Solidaire propose de modifier le mandat de la Caisse de Dépots et de Placements pour la contraindre à adopter une politique d’investissement pro-environnement. Est-ce vraiment dans notre intérêt? L’objectif de la Caisse devrait être de maximiser ses rendements de façon à ce que nos revenus de retraite soit le plus élevés possibles. Le gouvernement nous oblige à contribuer au régime des rentes et à envoyer notre argent à la Caisse; ça serait encore pire s’il nous imposait des rendements inférieurs pour assouvir la soif d’investissement environnemental du parti Québec-Solidaire. Nos retraités ont droit à ce que leurs rentes soient optimales et il serait injuste que le QS leur fasse subir le poids de ses valeurs contre leur gré.
Le QS propose aussi d’abolir complètement les partenariats public-privés (PPPs) et d’adopter une politique gouvernementale d’achat local. Mon opinion sur la question est bien simple: plutôt que de lui imposer des contraintes, nous devrions simplement demander à l’État de minimiser les coûts de tout ce qu’il fait. Si quelque chose peut être produit pour moins cher par le privé ou par une entreprise hors-Québec, je ne vois pas pourquoi les contribuables devraient avoir à s’en passer. Il est primordial que l’État se frotte à la concurrence du privé et que le plus efficace l’emporte. C’est la seule façon pour nous de savoir si un service ou un projet est offert au meilleur coût possible. Les augmentations potentielles (voire certaines) de coûts reliées à ces politiques ne sont pas chiffrées au plan financier du QS.
Ensuite, le QS invente une nouvelle catégorie d’entreprises dîtes « collectives », qu’il propose de subventionner. Ces entreprises collectives sont 1) non-liées à l’État, 2) n’offre pas un produit/service déjà offert par l’État (qui ne veut surtout pas de compétition!), 3) sont gérées de façon démocratiques (i.e. les travailleurs participent aux décisions) et 4) produisent des biens/services éco-responsables. Évidemment, le QS devrait mettre sur pied une autre instance bureaucratique pour vérifier si les entreprises se qualifient pour cette subvention. Le montant de ces subventions et les coûts reliés à cette mesure ne sont aucunement présentés dans le plan financier du QS. Les bénéfices d’une telle mesure m’apparaissent plutôt obscurs.
Au niveau de l’environnement, le QS s’attaque tout d’abord au transport en commun. Ils proposent d’exiger un tarif réduit pour les gens à faible revenu, l’abolition totale des tarifs pour les transports en commun municipaux (à long terme?), favoriser l’utilisation de véhicules électriques, financer le covoiturage, établir des incitatifs financiers pour le transport sur rail relativement au transport par bateau et camion et prolonger le métro. Le chiffre indiqué à cet égard est de $1.2 milliards sur 5 ans.
Je ne suis pas contre l’investissement en transport en commun, au contraire, mais je pense que ces investissements doivent tenir compte des besoins et de la demande (ce qu’on appelle le marché). Or, le QS semble prendre pour acquis que le transport en commun a besoin de $1.2 milliards sur 5 ans, mais ne mentionne pas sur quoi il se base pour arriver à ce chiffre.
Pour ce qui est de l’énergie renouvelable, le QS propose de nationaliser l’énergie éolienne. Leur plan financier indique qu’un investissement de $3 milliards serait requis. Pour ce faire, le gouvernement québécois aurait à forcer les propriétaires actuels (Cartier Énergie, Northland Power, Boralex et Gaz Métro) à vendre leurs actifs. Ce serait très mauvais pour les relations extérieures du Québec; nous passerions pour un le Vénézuela-du-Nord à cet égard.
Évidemment, la facture pour ces actifs sera très salée; on n’a qu’à regarder la récente transaction entre TransAlta Corp. et Canadian Hydro Developpers. Quel serait le bénéfice pour les Québécois d’être propriétaire de ces actifs? Aucun. Quel serait le bénéfice pour les Québécois qu’Éole-Québec assure le développement éolien futur? Aucun. J’estime que cette mesure n’est le fruit que d’un nationalisme mal placé que l’on cherche à nous imposer.
En faisant affaires avec le privé, Hydro-Québec ne fait subir aux Québécois aucun risque quant aux dépassements de coûts de construction, aux problèmes d’opération et aux volumes de production. Hydro-Québec n’a qu’à soumettre un appel d’offres et tous les joueurs privés se mettent en branlent pour trouver le moyen le moins coûteux de générer cette énergie, et ils assument les risques reliés au projet. Le Québec n’a rien à gagner à jouer la carte du nationalisme-étatique.
Le QS propose aussi de mettre sur pied une agence de recherche sur l’énergie renouvelable. Ils voudraient par ailleurs subventionner les rénovations qui permettent d’améliorer l’efficacité énergétique au montant de $100 millions. Ils instaureraient une politique de gestion des déchets (utilisation de la biomasse, interdire le suremballage et les sacs en plastique) au coût de $275 millions par année. Finalement, le QS voudrait subventionner les produits « bio » d’un montant de $30 millions par année.
En ce qui a trait à la justice, le QS propose de bonifier l’aide juridique et d’en élargir l’accès, ainsi que de bonifier l’indemnisation aux victimes d’actes criminels. Je n’ai pas trop de problème avec ces mesures puisque le système judiciaire fait partie des fonctions régaliennes de l’État. Cela coûtera néanmoins $130 millions en coûts récurrents.
Ainsi, bien que les dépenses associées à ces projets du QS ne soient pas toutes quantifiées, les chiffres qu’ils nous fournissent totalisent tout de même $435 millions en dépenses récurrentes et $4.3 milliards en investissement. Donc, au court des trois premières parties de ce dossier, l’augmentation des dépenses récurrentes du gouvernement proposée par le QS est d’environ $5.5 milliards.
Dans la quatrième et dernière partie, nous traiterons et fiscalité et de financement, et concluerons ce dossier. À suivre…
Salut le Minarchiste,
Bien que je me positionne un peu plus à gauche, j’apprécie toujours vos critiques de la gauche et nos gauchistes auraient beaucoup à apprendre de vos textes. Il est aussi vrai qu’il serait pertinent que QS justifie ses investissements.
Petite précision concernant « En faisant affaires avec le privé, Hydro-Québec ne fait subir aux Québécois aucun risque quant aux dépassements de coûts de construction, aux problèmes d’opération et aux volumes de production. »
Le vérificateur général n’a pas récement démontré que l’expérience des PPP a au contraire, démontré des dépassements de coûts?
Cordialement,
Etienne
PS: vivement le quatrième volet de cette série.
@Étienne
Je n’arrive pas à trouver ce dont vous parlez.
Tout ce que j’ai trouvé est ceci:
Ce n’est pas une question de dépassement de coût, mais bien une question de processus décisionnel (le VGQ démontre que la justification de PPP-Québec d’utiliser un PPP pour les nouveaux hopitaux est erronée).
Pourriez-vous me donner plus de détails?
Minarchiste,
Vous avez raison, il n’est aucunement question des dépassements de coûts. Milles excuses.
Etienne
@Étienne
Pas de problème.
Merci de votre intérêt pour mon blogue.
La quatrième partie du dossier QS sera publiée cette semaine.
En tant que gauchiste lucide, je crois que malgré le bien fondé d’une politique d’achat local par le gouvernement (assumons qu’un gouvernement de gauche viendrait récupérer une partie de son investissement en impot), il est peu réaliste de croire à l’implantation d’une telle mesure.
Toute politique de ce genre serait rapidement contesté devant l’OMC ou l’ALENA, ce qui viendrait imposser des tariffs d’exportation à nos entreprises. De plus, nos partenaire commerciaux viendraient nous imposer le même genre de mesure, ce qui viendrait empêcher nos propres entreprises (ie. Bombardier) d’obtenir des contrats avec des gouvernements à l’étranger.
Je suis personnellement d’accord avec la proposition, ou le principe, qui vise à ce que les placements effectués par la Caisse de Dépôt soit en ligne avec nos préoccupations environnementales. Par exemple, aucun investissement direct ou indirect ne devrait être fait dans les sables bitumineux de l’Athabasca, même si le rendement est intéressant… Je comprend que les négationnistes trouveront cette idée stupide…. Évidemment, il faut rappeler aux membres de Qs que la mission de la Caisse est de faire fructifier les fonds qu’elle gère et non de subventionner des projets qui n’ont aucune chance de générer des revenus…
Les PPP c’est de la foutaise. Même les journalistes de l’empire Desmarais le reconnaissent aujourd’hui. Le vérificateur général a déjà dit qu’il pourrait y avoir dépassement de coûts d’environ 2 milliards. Mais son enquête n’est pas encore terminée… Chose certaine, les promoteurs ont menti (http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/sante/200911/18/01-922949-pas-une-bonne-idee-le-chum-en-ppp.php).
@Lutopium
Ce n’est pas à la Caisse à légiférer au niveau de la protection de l’environnement, mais bien aux gouvernements concernés. La Caisse a déjà bien assez de misère comme ça à s’occuper de sa tâche principale (le rendement), qu’on ne va pas lui en compliquer la tâche davantage.
Si tu as des valeurs écolos, libre à toi d’utiliser ton propre argent pour l’investir dans des entreprises qui correspondent à tes valeurs, mais je ne vois pas pourquoi tes valeurs devraient m’être imposées à moi et à tous les contribuables, surtout quant il est question de l’argent que l’épargne pour ma retraite.
Concernant les PPPs, il y a énormément de désinformation à cet égard. Lorsque le projet est mal défini et qu’il change de forme en cours de route, c’est impossible pour un PPP de bien fonctionner.
Et si la solution idéale pour le projet du CHUM ne s’avérait pas être un PPP, ça ne veut pas dire qu’il ne faut plus jamais faire de PPP. Il semble que l’on entend parler que ce projet là alors que des dizaines de projets ont été réussi.
Tout ce que je dis c’est qu’il ne faut pas se borner à l’égard des PPPs. Si la soumissions la moins chère provient d’un PPP, le gouvernement devrait y aller avec cette formule, sinon il devrait s’en abstenir. C’est simple non?
@Minarchiste: vous dites « Ce n’est pas à la Caisse à légiférer au niveau de la protection de l’environnement, mais bien aux gouvernements concernés. » Bien c’est ça l’idée… Un gouvernement Qs amenderait la loi sur la Caisse…
Je ne suis pas d’accord avec vous. Je suis contre la formule de PPP pour le CHUM. Des partenariats entre le public et le privé, ça existe déjà pour une foule de contrats. Mais privatiser la gestion d’un hôpital… moi je n’achète pas le concept. J’ai beaucoup de difficultés à associer santé et profits, c’est simple non? Là-dessus, nos opinions sont irréconciliables.
@Lutopium et Minarchiste
La solution pourrait être la suivante : que la Caisse de Dépôt continue ainsi et propose une « option investissement écolo, moins payant, mais en accord avec vos valeurs ».
Lutopium pourra donc confier sa retraite sur cette option et les autres aussi s’ils le veulent. On verra bien la part de désintéressés. 😉 Et ce serait démocratique.
Cela dit, vu les subventions qui vont pleuvoir sur l’économie verte, il est fort à parier que certains investissements soient très juteux sur ce secteur, pour un certain temps (le temps que les fonds publics s’épuisent).
Je me demande ce que la Caisse-QS penserait d’une compagnie comme TransCanada par exemple, qui est l’un des plus gros émetteurs de GES au Canada, qui construit un oléoduc pour exporter le pétrole des sables bitumineux vers les États-Unis, mais qui est aussi l’un des plus gros développeur et producteur d’énergie éolienne (Cartier Énergie). Rien n’est noir ni blanc, tout est une nuance de gris.
Imagine toute la bureaucratie qui serait nécessaire pour gérer ce processus de déterminer quelle entreprise est écolo et quelle entreprise ne l’est pas.