Dans ce dossier, inspiré du livre “Where Keynes went wrong” de Hunter Lewis, je traite des principales idées de Keynes. La première partie traitait des taux d’intérêt, la seconde partie traitait de l’épargne et la troisième partie traite de la bourse et de l’investissement.
Selon Keynes, les investisseurs « ne savent rien à propos du futur ». Ils sont incapables d’adopter un point de vue à long terme. La bourse n’est qu’un casino, mût par les « esprits animaliers ». Elle est contrôlée par les spéculateurs qui créent des « bulles ». Les mouvements boursiers sont d’ailleurs souvent absurdes. Keynes citait l’exemple des compagnies de crème glacée, dont les actions se transigeaient à des prix plus élevés durant l’été qu’en hiver. Si le marché était rationnel, ce ne serait pas le cas (i.e. le prix de l’action reflèterait les perspectives de l’entreprise en tout temps). Keynes nous mentionne ensuite que le marché boursier est futile, puisque lorsque quelqu’un achète des actions existantes sur le marché, l’argent ne va pas directement à l’entreprise, mais dans les poches du vendeur, ça ne stimule donc pas l’investissement.
La solution proposée par Keynes est fort simple: le gouvernement devrait faire lui-même les investissements nécessaires à ramener l’économie au plein-emploi. Le gouvernement peut agir de façon désintéressée, rationnelle et en fonction du long terme, grâce à ses « experts ». Ces investissements doivent être financés par les taxes et impôts.
Réfutation:
Premièrement, pour une fois que Keynes utilise un exemple concret pour illustrer une de ses idées (les compagnies de crème glacée), il fallait qu’il s’avère erronné! Il n’a même pas pris le temps de vérifier les chiffres avant d’affirmer une telle chose. Henry Hazlitt a vérifié et il est totalement faux que les actions des compagnies de crème glacée se transigeaient à des cours plus élevés en été. Keynes était tellement sûr de la véracité de son intuition qu’il n’a même pas cru bon l’appuyer par des chiffres. Ce constat s’applique d’ailleurs à l’ensemble de ses théories.
Deuxièmement, qu’est-ce qui crée les bulles? L’ingrédient indispensable est la liquidité. Que l’on parle de la bulle de 1995- 2000, de celle des années 1920s ou de la bulle immobilière que l’on vient de traverser, le levier financier facilité par de la dette abondante et abordable a toujours été présent durant les bulles. D’où vient cette liquidité? Des banques centrales qui crée de la monnaie à profusion, comme Keynes le prescrivait. C’est ce levier financier qui permet aux investisseurs d’emprunter pour financer d’immenses positions boursières et à d’autres d’acheter plusieurs condos à Miami (sans les habiter), dans le but de les revendre plus cher un an plus tard. Dans un libre-marché, cette irrationnalité liée à la recherche du profit serait contenue, mais dans un marché innondé de liquidités, elle prend une ampleur considérable. Rappelons-nous par exemple du crash de 1929. À cette époque, les gens empruntaient massivement pour investir à la bourse. Lorsque l’élastique a été étiré au maximum, il a cédé; les gens ont dû vendre leurs actions à perte tous en même temps pour rembourser leurs prêts sur marge.
Troisièmement, est-ce que les politiciens ont réellement une vision à plus long terme que les investisseurs? Sont-ils si désintéressés et concentrés sur le bien-être collectif? Permettez- moi d’en douter. Les politiciens cherchent à se faire élire et agissent dans leur intérêt à cet égard. Leur horizon temporel s’arrête à la prochaine élection. Et comme ce n’est pas leur argent qu’ils dépensent, ils sont en conflit d’intérêts. Et qui est Keynes pour nous parler du long terme? N’est-ce pas lui qui a déclaré que « à long terme nous sommes tous morts »! La réalité est que le gouvernement est généralement un bien piètre investisseur.
Quatrièmement, lorsqu’on achète une action à la bourse, on crée de la demande pour ce titre et, par conséquent, on contribue à faire monter le prix. Lorsque le prix d’une action monte, le coût du capital de l’entreprise en question diminue, puisqu’elle pourra en émettre une moins grande quantité pour financer un investissement quelconque (donc moins de dilution pour les actionnaires existants). En revanche, les mauvaises entreprises voient le prix de leurs actions chuter, ce qui restreint leur capacité à en émettre pour financer leur expansion. De cette façon, les bonnes entreprises ont accès plus facilement à du capital que les mauvaises. La bourse n’est donc pas futile; c’est un mécanisme très important pour l’économie, même si l’argent de va pas directement à l’entreprise lorsqu’on achète ses actions existantes sur le marché.
Finalement, on comprend que Keynes utilise ces arguments anti-marché pour justifier des politiques interventionnistes, favorisant les dépenses gouvernementales. Il nous incite à faire un grand pas vers le communisme (un système que Keynes a souvent décrit en bien) en remplaçant l’investissement privé par l’investissement gouvernemental. Il propose d’enlever le pouvoir au marché, pour le donner aux politiciens, ces supposés « experts ». Il propose de retirer l’argent des mains des individus et entreprises pour le donner au gouvernement qui, évidemment, saura mieux que quiconque quoi en faire pour le bien de tous.
En terminant, Keynes ne prêchait pas par l’exemple à cet égard: c’était un spécualteur invétéré. Il utilisait l’effet de levier en empruntant et investissait dans les actions, les obligations, les ressources et les devises. En 1920, ses emprunts sur marge l’ont mis en faillite, il a dû emprunter de sa famille et ses amis. Suite au crash de 1929, il a perdu 86% de sa fortune. Puis, en 1937, il a perdu 50% de sa fortune, mais l’avait pratiquement regagnée au moment de sa mort. Il était alors multi-millionnaire en dollars d’aujourd’hui.
Que de bêtises sur Keynes, lisez le bon sang! Le keynesianisme a justement a mis l’humain au coeur de la pensée économique. Je vous invite à lire ma contribution au lieu de dire des conneries:
http://www.les-cercles.fr/economie/economie-societe/politique-economique/1294-l-esprit-du-keynesianisme-de-l-humanite-au-coeur-de-l-economie
Après 30 ans de démantèlement progressif du keynésianisme, le monde d’aujourd’hui est davantage celui de Friedman que celui de Keynes.
@Jifanes
« Que de bêtises sur Keynes, lisez le bon sang! «
Justement, je l’ai lu très attentivement. Tout ce que je dis est directement tiré de ses écrits (je peux vous fournir les références exactes si vous voulez). Vous trouvez que ce sont des bêtises? Moi aussi! Il n’en demeure pas moins qu’il les a écrites…
« Le keynesianisme a justement a mis l’humain au coeur de la pensée économique. «
Je ne prétend pas le contraire…ça ne change rien au fait que c’est une théorie économique erronée et mal ficelée.
« le monde d’aujourd’hui est davantage celui de Friedman que celui de Keynes. »
Jusqu’à il y a tout récemment, possible. Alan Greenspan était un monétariste étatique comme Friedman en effet. Mais le keynesianisme est de retour en force depuis la crise financière (malheureusement).
Ceci étant dit, bien que Friedman avait une pensée plus juste que Keynes, c’était quand même un étatiste dans l’âme et un faux-libertarien. Vous ne me verrez jamais supporter ses idées sur ce blogue.
Voir ceci pour plus de détails:
http://www.leblogueduql.org/2009/09/milton-linflationniste-anna-la-keyn%C3%A9sienne.html
C’est bien beau de taper sur les banquiers centraux qui provoquent des bulles, mais il faudrait m’expliquer à quoi on reconnaît une bulle avant qu’elle n’éclate et me dire également quel est le bon taux.
Si en revanche vous me dîtes que la monnaie n’est pas arrimé à une valeur de référence comme l’indice des prix et que cela cause bien des troubles, là j’applaudis des deux mains.
@fred
« à quoi on reconnaît une bulle avant qu’elle n’éclate et me dire également quel est le bon taux. »
Je ne propose pas que la politique monétaire ait comme objectif de reconnaître les bulles et de les empêcher et je ne connais pas LE bon taux (personne ne le connaît d’ailleurs).
Je suis plutôt pour l’abolition complète de la politique monétaire. Je favoriserais un système où il n’y a aucune création de monnaie ex nihilo par la banque centrale et où les banques commerciales ne pourraient pas utiliser les dépôts à vue pour faire des prêts (ce qui équivaudrait presque à un système bancaire à réserves entières).
Voici quelques billets pour vous orienter sur mes vues:
https://minarchiste.wordpress.com/2009/08/11/stabilite-des-prix-quaurions-nous-fait-sans-la-federal-reserve/
https://minarchiste.wordpress.com/2009/09/20/comment-les-banques-creent-de-largent-partie-2/