Pour faire suite à mon billet du 2 octobre, j’analyse ici les données préliminaires du PIB américain.
Le PIB réel américain a cru de 3.5% annualisé au troisième trimestre de 2009, comparativement à une baisse de 0.7% au trimestre précédent. Ce chiffre était bien au-delà des anticipations et il a propulsé la bourse à la hausse hier, laquelle était sur une tendance négative depuis plusieurs jours. Cependant, lorsqu’on regarde les chiffres plus en détails, les choses ne sont pas très réconfortantes.
Premièrement, sur le 3.5%, le Bureau of Economic Analysis attribue 0.94% à la reconstruction des inventaires, ce qui n’est évidemment pas de la demande finale.
Deuxièmement, l’organisme attribue 1.66% aux ventes de véhicules, stimulées par le programme « cash-for-clunker », qui est maintenant terminé. En fait, si l’on exclut ce programme, les ventes de bien durables ont été très faibles. Les ventes d’automobiles ont probablement « aspiré » des ventes qui auraient été dans d’autres industries sans ledit programme. D’ailleurs, en Septembre, les dépenses de consommation (publiées ce matin) ont baissé de 0.6% (ajusté pour l’inflation), ce qui indique que sans le « cash-for-clunkers », les dépenses sont en baisse, tout comme le revenu disponible, ce qui est logique.
Troisièmement, la construction résidentielle a augmenté de +23.4% stimulée par le crédit d’impôt qui se termine bientôt.
Quatrièmement, les dépenses du gouvernement fédéral ont continué leur tendance haussière, augmentant de +7.9% durant le trimestre.
Cinquièmement, les exportations étaient en hausse de 14.7%, stimulée par la faiblesse du dollar et par la demande Chinoise, où sévit présentement un important plan de dépenses gouvernementales pour relancer l’économie.
En revanche, les investissements non-résidentiels ont diminué de 9.6%, ce qui n’augure pas bien pour les chiffres de l’emploi la semaine prochaine.
Ainsi, on peut voir que la croissance n’est pas « économique », mais bien arithmétique. Si on exclut les dépenses gouvernementales et la reconstruction des inventaires, l’économie américaine est toujours en récession.
M. Obama peut bien vanter l’efficacité de son plan de relance, lorsqu’on regarde les vrais chiffres, on se rend compte que la réalité est moins reluisante…
Je crois que les politiciens et bien des soi-disant «experts» s’accrochent à des pailles… Les stimulus ne fonctionnent jamais. L’économie américaine est artificielle.
@Philippe
Le pire, c’est que malgré toute cette création de monnaie, nous pourrions quand même voir de la déflation au États-Unis.
La destruction monnaie, qui se produit parce que les gens remboursent leur dettes, est présentement plus forte que la création de monnaie sur le bilan de la Fed, laquelle est en train de ralentir. Le résultat est que la masse monétaire pourrait se mettre à diminuer significativement (elle a d’ailleurs diminué quelque peu ces derniers mois).
Le résultat serait de la déflation!
Et comme jusqu’à maintenant l’argent créé par la Fed s’est retrouvé en majeure partie sur les marchés financiers, nous pourrions observer une longue période de marrasme boursier.
@Minarchiste
Considérant que le graphique de la base monétaire de la FED ressemble à un bâton de hockey et que la FED continue de monétiser la dette, il est difficile de croire, (et je crois que les économistes de mises.org semblent d’accord) que le remboursement des dettes des citoyens arriverait à contre-balancer les opérations de la FED et créer de la déflation. Il est plus plausibe actuellement que l’excès de liquidités est entrain de nourrir une bulle boursière
@Philippe
Je ne pense pas que c’est le cas, du moins pas encore.
Les flux monétaires qui sont allés vers la bourse depuis quelques mois proviennent d’épargnes réelles. On peut d’ailleurs le voir dans les chiffres. Les investisseurs qui avaient sorti leurs billes du marché pour les mettre à l’abri se remettent à investir dans les actifs risqués.
D’ailleurs, on ne peut pas vraiment parler de bulle boursière pour le moment. Le S&P500 n’est qu’à 1,036 comparativement à son peak de 2007 à 1,562. C’est encore 34% plus bas! C’est vrai qu’une petite partie de cette liquidité a gonflé un peu la bourse, mais pas significativement selon moi.
C’est surtout l’immobilier qui en a bénificié. La Fed tente de regonfler cette bulle pour pouvoir revendre les titres toxiques qu’elle a achetés des banques à un prix plus décent.
L’argent créé par la Fed est présentement au repos sous forme de réserves bancaires. L’inflation (des prix à la consommation et des actifs) se manifestera lorsque ces réserves seront converties en prêts, mais ce n’est pas encore le cas.