La rumeur était vraie, Hydro-Québec se porte acquéreur d’Énergie Nouveau-Brunswick.
Si la transaction se concrétise, Hydro-Québec acquerra les sept centrales hydroélectriques d’Energie NB et la centrale nucléaire de Point Lepreau, une fois que sa réfection sera terminée, en 2011, de même que les infrastructures de distribution et de transport de l’entreprise; le tout pour $4.75 milliards.
Selon le protocole signé lundi, Hydro-Québec s’engage à geler les tarifs des clients résidentiels et d’affaires du Nouveau-Brunswick durant cinq ans.
La dette du Nouveau-Brunswick va diminuer de 40 % avec cette transaction.
L’un des problèmes principaux que je vois avec cette transaction est relié à la centrale nucléaire de Point Lepreau. Les tarifs actuels d’ÉnergieNB ne reflètent pas l’énorme dépassement de coût encouru par ÉnergieNB dans la remise à neuf de cette centrale. Ce projet devait coûter $1 milliard, mais il va vraisemblement coûter entre $1.9 et $2.5 milliards. Il va falloir amortir cet investissement au cours de la vie utile de la centrale rénovée, ce qui sera négatif pour les profits puisque les tarifs seront gelés durant 5 ans.
Les 7 centrales hydroélectriques totalisent 895 MW alors que la centrale nucléaire totalise 635 MW. Le réseau de transmission comporte 6,800 km et le réseau de distribution sert 375,000 clients.
La dernière transaction hydroélectrique à être survenue au Canada est la vente du barrage Waneta par Teck à BC Hydro pour $5.05 millions/MW. Cela veut donc dire que le portefeuille hydro de Énergie NB vaut $4.5 milliards à lui seul.
Concernant la centrale nucléaire, FPL a acquis la centrale Point Beach de Wisconsin Energy pour $0.9 million/MW en 2006. Point Lepreau vaudrait donc $574 millions sur cette base. Cependant, il serait selon moi plus juste d’observer les coûts de constructions de la centrale Bruce en Ontario, qui sont autour de $2.5 millions/MW, pour une valeur implicite de $1.6 milliards pour Point Lepreau.
Fortis Inc. a récemment acquis Great Lakes Power Distribution pour $75 millions. Ce réseau sert 12,000 clients, donc $6,250 /client. Le réseau d’Énergie NB vaudrait donc $2.3 milliards.
En supposant qu’Hydro-Québec doive allonger $1.5 milliards de plus en dépassements de coûts à Point Lepreau, nous payons donc $6.25 milliards pour quelque chose qui vaut au-delà de $8 milliards, en échange d’un gel des tarifs pour 5 ans (notez que les tarifs du N.-B. sont 40% plus élevés qu’au Québec). Nous obtenons en plus un meilleur accès aux marchés du Nord-Est américain. Par contre, le sort des tarifs futurs n’est pas entre nos mains puisque ceux-ci sont règlementés.
Cette transaction m’apparaît avantageuse pour Hydro-Québec. Cependant, ça ne change pas ma position face à Hydro-Québec et aux avantages que nous pourrions obtenir en vendant certains de ses actifs pour rembourser la dette de la province. Qu’en pensez-vous?
Pour mon billet publié en août dernier sur le rendement d’Hydro-Québec pour les Québécois:
Le ministre Bachand disait ce matin à la radio que la privatisation partielle d’Hydro-Québec était hors de question, puisqu’Hydro-Québec « appartenait aux Québécois ». C’est une déclaration évidemment mensongère, puisqu’un individu peut disposer de ses propriétés selon son vouloir. Voici ce que je propose pour respecter ce concept :
Émission d’une action par individu en droit de voter le premier janvier 2010.
Émission d’action supplémentaire à la hauteur de 12,5% du total d’action émises (le profit de ces ventes irait au remboursement direct de la dette du Québec).
Vente de ces dernières à la bourse.
Ramener le prix de l’électricité au prix du marché.
Soumettre Hydro-Québec aux règles habituelles d’entreprises cotées en bourse : rapport annuels, assemblées générales, rapports trimestriels, conseil d’administration voté par les actionnaires, etc.
Redistribuer les profits sous forme de dividendes, à la hauteur établie selon le c.a. d’Hydro-Québec.
Évidemment c’est une proposition qui est plus ou moins juste, mais je crois que ça va permettre une gestion plus serrée, et probablement une augmentation de la valeur d’Hydro-Québec. Les dividendes des citoyens les aideront à payer leurs comptes d’électricité plus élevé, et les profits d’Hydro-Québec ne serviront plus à payer des factures de dépenses publiques. Par contre, c’est du suicide politique pour quiconque propose cela. Ton avis ?
Attention au sujet de Point Lepreau. Les coûts cités dans les médias additionnent le coût de réfection de la centrale de 1,4 G$ et les coûts de remplacement de l’électricité importée pour combler l’absence du tiers de la production d’Énergie NB (4.3 TWh). Le contrat avec EACL est un contrat à coût fixe, mais en raison du délai de 18 mois, le N.-B. aurait dû importer de l’électricité (du Québec sans doute) pendant toute cette période.
Si on prend pour acquis que le coût de remplacement de l’électricité est à 7,2¢/kWh (le coût de revient de Gentilly-2 après la mise à jour de 2012), ce qui est à peu près le prix marginal à HQP présentement (on exclut les éoliennes qui sont l’affaire de HQD), le coût de remplacement de l’électricité (4.3 TWh * 1,5 année = 6,5 TWh) serait de 468 M$, qu’elle va revendre pour 578 M$ (1/3 industriel @ 4,7¢ et 2/3 résidentiel et commercial @ 11¢), moins ce qu’elle va payer à TransÉnergie et à sa filiale de transport du N.-B.. Grosso modo, elle va arriver « even » en bon chinois.
Pour Énergie NB, la fermeture de Lepreau pendant 18 mois de plus, c’était une mauvaise affaire: perte de revenus de production, frais de transport, etc., mais si HQ achète sa propre électricité, ce n’est plus problème!
Le plus beau là-dedans, c’est qu’Hydro-Québec est une entreprise intégrée verticalement. Elle va faire des profits sur la production, la transport (2 fois) et la distribution.
[…] le minarchiste critique la vente d’Énergie NB à Hydro-Québec en soulevant l’argument que la […]
@Claude B
La conclusion de mon billet est qu’il s’agit d’une bonne transaction; le prix payé pour l’ensemble de ces actifs est excellent. J’estime la valeur des actifs à plus de $8 milliards.
@Pierre-Olivier
Ce serait trop compliqué de distribuer toutes ces actions. La solution que je propose (voir lien à la fin du billet) est la vente graduelle d’actifs. Les fruits de ces ventes iraient au remboursement de la dette. Le gouvernement pourrait continuer de percevoir des royautés sur la production d’hydro-électricité et aurait aussi des revenus d’impôts.
Le problème est que les gens sont indifférents entre une baisse du prix de l’électricité et une baisse des impôts par exemple. Or, des impôts élevés découragent le travail, et donc la création de la richesse, alors que des tarifs d’électricité bas subventionnent la consommation d’électricité. En augmentant les tarifs d’électricité et en utilisant l’argent pour réduire les impôts, nous encouragerions le travail tout en incitant à l’économie d’énergie. Il est d’ailleurs prouvé que les grands consommateurs d’électricité ne sont pas les pauvres, mais bien les riches, avec leurs immenses maisons à garages triple, ainsi que les entreprises.
Il faut faire attention aussi: le prix du marché est présentement aussi bas que les prix d’Hydro-Québec à cause de la récession.