Un article paru sur Cyberpress présente les résultats d’un sondage de la firme Nanos Research, mandatée par la Coalition Canadienne de la Santé (CCS), démontrant que 88% des Québécois appuient le régime de santé public.
Cela démontre à quel point nous sommes loins de faire des progrès en ce qui a trait à la privatisation de notre système de santé. Il est décourageant de constater que, malgré les couloirs bondés de malades, les urgences qui débordent et les gens qui meurent sur d’interminables listes d’attente, les gens ne soient davantage ouverts au changement.
C’est tout simplement parce que les gens ont peur des impacts que cela pourraient avoir, notamment de se voir refuser des soins par manque d’argent. Cette peur est bien alimentée par plusieurs, dont la CCS, qui brandissent l’effrayant spectre d’un système de santé à l’Américaine, « centré sur les profits » et qui laisse les pauvres mourir devant les portes des hôpitaux.
Il n’est donc pas surprenant de constater l’inaction des politiciens au pouvoir à l’égard de la santé. Même s’ils avaient de la volonté, ils n’ont clairement pas l’appui du public quant à l’augmentation du privé dans la santé. Alors pourquoi risquer de perdre des votes alors que le statu quo est si confortable?
D’autre part, il ne faut pas oublier que le système de santé public est une forme de redistribution de richesse. Il est financé avec les impôts, alors que 40% de la population n’en paie pas. Donc, la privatisation du système aurait un impact négatif sur le revenu disponible d’une grande partie de la population, qui bénéficie de soins gratuits sans payer d’impôts. C’est pourquoi je persiste à dire que, pour ses premiers pas vers la privatisation de la santé, l’État devra garantir l’universalité des soins et y aller de façon très graduelle (i.e. commencer par un système à deux vitesses), sans quoi l’opposition de la population sera trop grande.
Pour ma part, je compte davantage sur la recherche du profit, pour m’assurer des soins de santé de qualité, plutôt que sur le bon-vouloir des fonctionnaires. Quant au système de santé à l’américaine, ces chiffres publiés sur le blogue Antagoniste parlent d’eux-mêmes:
Honnêtement, il n’y a pas grand monde pour vraiment comparer les soins que reçoivent les américains vs ceux que nous recevons ici au Québec. Ça dépend de que tu lis et ce que tu entends. Peu de gens ont eu l’opportunité de tester les deux systèmes.
Ceci étant dit, on ne peut pas établir de comparaisons sur les statistiques qui sont présentées par David Gagnon. Dans les services privés, remboursés par les compagnies d’assurances, on y pratique systématiquement le « up-selling ». Tu vas voir ton docteur pour un mal de gorge, tu as 40 ans, tu n’as jamais passé de test pour la prostate et on en profite pour le faire. C’est beaucoup plus payant pour la clinique privée. De plus, M. Gagnon devrait confirmer si les décès reliés au cancer de la prostate sont moins élevés aux USA.
Ce que je comprend du sondage de Nanos Research c’est que les gens ne veulent pas associer les soins de santé aux profits. Et comme il y a pénurie de médecins et de travailleurs spécialisés au pays, la grande majorité des gens ne peuvent concevoir que la prestation de services s’améliorera si on fait encore plus de place au privé. Peut-on les blâmer pour réfléchir de la sorte?
À mon avis, il n’y a pas de volonté politique pour améliorer nos services de santé. Les syndicats (y compris les associations professionnelles) sont probablement responsables de la situation également. Par exemple, les services de première ligne pourraient être grandement améliorés si on faisait plus de place aux CLSC et si on permettait aux infirmières de pratiquer certaines interventions habituellement réservées aux médecins.
Je garde l’esprit ouvert mais vous n’arrivez pas à me convaincre que le privé – à la recherche de profits – fera mieux qu’un système public. De plus, j’ai de grandes réserves sur le rôle des compagnies d’assurances. Si vous avez quelques minutes devant vous, écoutez l’entrevue de Bill Moyers avec un ancien dirigeant de Cigna. C’est à faire dresser les cheveux sur la tête. Lien: http://www.pbs.org/moyers/journal/07102009/profile.html
@ Luthopium
Je vais regarder le vidéo ce week-end.
Effectivement, les statistiques de David sont incomplètes, mais tout de même révélatrices. La prévention coûte moins cher que les traitements.
Ne croyez-vous pas qu’un système privé, qui en réduisant les coûts de la bureaucracie, permettrait de hausser les salaires du personnel, ce qui attirerait (et rappatrierait) des médecins/infirmières de l’étrangers, ce qui aiderait à contrer la pénurie de personnel? Présentement, leurs conditions de travail sont pitoyables et les salaires inférieurs. Pas surprenant qu’ils lèvent les feutres.
De plus, le privé investirait, selon la demande, dans la construction de nouvelles salles d’opération (car plusieurs chirurgien n’opèrent pas à 100% parce qu’ils n’ont pas de salles et/ou d’infirmières et/ou d’anesthésistes disponibles).
C’est la recherche du profit qui attirera le personnel qualifié au Québec et qui stimulera l’investissement dans des infrastructures adéquates.
Non, je ne crois pas. J’ai lu beaucoup sur cette question. Je suis encore persuadé qu’un système public est préférable. Pas parfait, mais préférable.
Et n’allez pas me faire croire que le privé est reconnu pour hausser le salaire des employés… Les médecins et spécialistes sans doute, mais pas les auxiliaires, les préposés, les assistants, etc… De plus, une clinique publique n’a pas plus de bureaucratie qu’une clinique privée. Une bureaucratie se retrouve dans toute grande organisation, qu’elle soit publique ou privée. Mais, comme le disait si bien l’économiste Galbraith:
« …nous vivons une époque où les allégations d’incompétence publique vont de pair avec une condamnation générale des fonctionnaires, à l’exception, on ne le dira jamais assez, de ceux travaillant pour la défense nationale. La seule forme de discrimination toujours autorisée – pour être plus précis, encore encouragée – aux États-Unis est la discrimination à l’endroit des employés du gouvernement fédéral, en particulier dans les activités relevant de la protection sociale. Nous avons de grandes bureaucraties d’entreprises privées, regorgeantes de bureaucrates d’entreprise, mais ces gens-là sont bons. La bureaucratie publique et les fonctionnaires sont mauvais… »
J’imagine que M. Galbraith n’y connaît rien en économie de marché…
Le privé haussera les salaires des types d’employés qui sont en pénurie. Ceux qui sont en surplus verront leur salaire baisser, et ceux qui sont en équilibre ne verront pas de différence. Et oui je vais vous faire croire que le marché du travail fonctionne de cette façon. Combien pensez-vous qu’un soudeur pouvait faire en Alberta l’an passé? Un salaire mirobolant, parce qu’il y avait une pénurie et que les entreprises sont allés jusqu’à payer des vols nolisés pour en amener d’ailleurs, parce qu’ils avaient besoin d’eux pour subvenir à la demande et ainsi faire du profit.
Au moins les bureaucraties privées sont à la solde des actionnaires et non des contribuables. La compétition fera en sorte que ces entreprises voudront réduire la bureaucratie pour réduire les coûts et être plus compétitif sur le marché.
Votre citation vient de « Innocent Fraud » je crois? Je l’ai lu et ma conclusion est que Galbraith pense que le capitalisme n’est pas ce qu’il devrait être parce que la politique est trop entremêlée avec l’économie. Par leur influence sur les politiciens, les entreprises peuvent tricher les règles du capitalisme à leur avantage (vour lirez mon billet de demain à ce sujet).
De plus, Galbraith est dégouté par la trop grande importance de la technostructure (lire bureaucratie), qui survie aux dépends des actionnaires et consommateurs. « Caste d’experts cooptés monopolisant le pouvoir, la technostructure est exactement une bureaucratie. »
Je ne suis pas nécessairement en désaccord, il y a beaucoup d’entreprises qui sont menées comme des zombies par la technostructure, qui s’étend aux dépends de l’innovation et de la créativité. Cependant, ces entreprises ne dure pas et disparaissent éventuellement, remplacées par des entreprises plys dynamiques.
Je pense que, dans une situation de libre-compétition, la bureaucratie privée aura tendance à surperformer la bureaucratie publique, parce que la pression de la compétition favorise les entreprises les plus efficaces (i.e. avec une technostructure de taille optimale), alors que la taille des bureaucraties publiques est reliée à leur budget et est déterminée par un processus de planification centrale (lire communisme). Si les ressources deviennent insuffisantes, la bureaucratie publique coupera dans les dépenses d’opérations pour préserver les dépenses de la technostructure (self-serving), ce qui s’est produit dans la santé au Québec selon moi. Une entreprise privé qui fait ça ne survivra pas longtemps.
L’argument de lutopium me fait sourire.
D’un côté les opposants a une privatisation nous disent que cette option est mauvaise parce que l’appât du gain des assureur fait en sorte que les compagnie d’assurance refusent de défrayer les soins de santé de leurs clients pour maximiser leur profit.
Maintenant lutopium nous dit que c’est l’inverse, que le secteur privé en santé engendre du “up-selling”.
Le “up-selling” c’est loin d’être un problème, c’est même une excellente chose. Dans les système socialiste on fait l’inverse, l’état pratique du “down-selling” pour réduire les coûts.
Entre un régime du fait du “up-selling” et un autre qui fait du “down-selling” le choix est assez simple: on voudrait tous pouvoir bénéficier du “up-selling” !
Au Québec on ne verra jamais un médecin dire a un patient venu consulter pour une grippe: « By the way, pendant que vous être ici monsieur on devrait en profiter pour vous faire passer un test de PSA pour votre prostate ». On ne verra jamais ça parce que notre système socialiste n’a pas les moyens de faire un dépistage efficace et étendu du cancer de la prostate.
Et pour lutopium me reproche de ne pas avoir parler du taux de mortalité du cancer de la prostate aux USA (comme si j’avais quelques chose à caché). Pourtant, j’ai déjà publié cette statistique sur mon blogue:
http://www.antagoniste.net/?p=5452
Aux USA, le taux de rémission du cancer de la prostate est de 91,9% 9 (c’est le meilleur taux dans les pays industrialisé). Aux Canada le taux de rémission est de 85,1%.
Voilà l’avantage du “up-selling” du privé par rapport au “down-selling” socialiste: on peut sauver des vies.
M. Gagnon, je n’ai jamais dit qu’un médecin ne devait pas profiter de la présence d’un patient pour élargir la portée des diagnostics. Je dis simplement que vos statistiques ne prouvent rien car elles ne confirment pas que le fameux dépistage fut relié à des cas sérieux du cancer de la prostate. D’ailleurs, selon un rapport de l’Agence de la Santé Publique du Canada, « les taux globaux d’incidence du cancer chez les hommes sont légèrement plus faibles au Canada qu’aux États-Unis, en grande partie en raison des taux plus faibles de cancer de la prostate ».
Rappelez-vous la clinique privée Rockland offrait (je ne sais pas si elle le fait encore) un traitement du cancer de la prostate grâce à une machine qui n’avait même pas reçu les approbations appropriées. C’est le bacon qui compte, pas la prévention, le dépistage ou la guérison. C’est le bacon.
Je comprend que votre statut social vous attire vers un système de santé à deux vitesses dans lequel vous aurez le privilège de vous faire soigner plus vite. Personnellement, je préfère une couverture universelle, égale pour tous. Ça ne veut pas dire que je cautionne le système dans sa forme actuelle.
Des cas non sérieux de cancer de la prostate ça n’existe pas.
Le cancer de la prostate est « facile » à traité s’il est diagnostiquér tôt.
Mais ce cancer, s’il est diagnostiquer tardivement, est l’un des plus meutrier car il a la fâcheuse tendance à métastaser dans les os.
Sans rapport. Les chiffres que j’ai donné montre le % de rémission chez les gens qui sont attend par ce cancer.
Pour une raison que je peux difficilement expliquer, les gens ont peur d’un système de santé à 2 vitesses. Il semble que les Canadiens préfèrent vivre pauvrement dans une société égalitaire plutôt que de vivre richement dans une société inégalitaire. Du coup, on préfère un système de santé merdique, mais égalitaire à un système efficace, mais inégalitaire.
« Des cas non sérieux de cancer de la prostate ça n’existe pas. »
De nos jours, seulement un tiers des hommes atteints d’un cancer de la prostate en décéderont. Bien souvent, le cancer demeure localisé dans la prostate et n’a que peu ou pas d’effet sur l’état de santé général ou sur la longévité de la personne. Sa croissance est relativement lente : dans la majorité des cas, après le diagnostic, la maladie évolue sur dix ans ou plus. Ainsi, de nombreux hommes meurent avec un cancer de la prostate sans que celui-ci n’en soit la cause. Source: http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=cancer_prostate_pm
On dit que des cliniques privées suggèrent une intervention aux patients sans qu’elle soit vraiment nécessaire. Pour le fric David, le fric.
Si moins d’homme meurent du cancer de la prostate ce n’est pas parce que le cancer est devenu bénin, c’est parce que les traitement et le dépistage fonctionne. Le cancer de la prostate a diminué énormément depuis l’arrivée du test de la PSA.
Mais le cancer de la prostate est l’un des plus dangereux à frappé. Il est sournois car il est accompagné de peu de symptômes et s’il est diagnostiquer trop tard, la médecine ne peut rien faire.
C’est un cancer qui passé un certain stade métastase très rapidement dans les os.
Et à cause du fric, moins d’américains que de canadiens meurent du cancer de la prostates. Vive le fric.
Voir cet article dans Cyberpresse:
http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/sante/200908/14/01-892716-embauches-a-la-sante-un-cadre-de-plus-par-jour.php
Au cours des cinq dernières années, le réseau québécois de la santé a engagé plus de 1500 cadres. Ces embauches équivalent à un nouveau cadre par jour de travail entre 2003 et 2008 et à une progression de 16,2% du nombre de gestionnaires.
Ce que les opposants du privé en santé ont peur, c’est que certains puissent avoir des soins de santé « Lexus » alors que d’autres devraient se contenter de soins « corolla ». Alors pour priver les plus riches de leur Lexus, il faut forcer tout le monde à se promener en Lada.
Le problême en santé est la question des coûts. Aux États-Unis, le medicare, medicaid et les assurances privées font toutes grimper les coûts des soins parce que la plupart des récipiendaires sont isolés des coûts. C’est quelqu’un d’autre qui paie. Mais c’est problématique pour ceux qui n’ont pas d’assurances, soit par choix ou par circonstance. Ici, c’est un peu la même chose, sauf que le résultat est le rationnement des soins parce qu’une trop grande partie des budget servent à maintenir une bureaucratie obèse.
Dans les deux cas, la solution est la même: une assurance santé ne devrait pas tout couvrir. Elle ne devrait couvrir que les soins majeurs et ne pas dépendre de l’employeur. Pour les choses mineures, on paye de notre poche. Je paie déjà $50 la visite pour mon optométriste, je n’aurais aucun problème à débourser ce montant pour passer mon examen médical annuel. Et on laisse la libre compétition faire baisser les prix.