Dans leur numéro du 1er Août 2009, nos chers amis de la « simili-droite » de l’hebdomadaire The Economist nous propose une revue littéraire sur le sujet de l’obésité.
Allons-y tout d’abord de quelques chiffres fournis par l’auteur:
– Le tier des Américains sont obèses.
– Les obèses sont plus enclins aux maladies cardiaques, diabète, problèmes osseux et cancer.
– Les obèses consomment $700 de plus par année en soins médicaux que les non-obèses.
– Les coûts totaux de l’obésité dépassent $200 milliards par année aux États-Unis (plus que le tabagisme).
– Par l’entremise des programmes Medicare et Medicaid, la moitié de ces coûts se retrouvent sur le dos des contribuables.
L’auteur de l’article ne prend pas vraiment position, il ne fait que présenter des articles sur le sujet, dont celui du Urban Institute, un « think-tank » de Washington, qui propose de taxer les aliments engraissants. Le congrès considère d’ailleurs une taxe sur les boissons sucrées pour financer le nouveau programme de santé. Il a pourtant été démontré que ces politiques pigouviennes (après l’économiste britannique Arthur Pigou) sont inefficaces, notamment par l’économiste Ronald Coase, qui a gagné un prix Nobel à cet égard. En effet, la consommation d’une poutine de temps en temps n’entraînera pas nécessairement l’obésité; l’individu peut compenser en faisant de l’exercice. En revanche, la consommation excessive d’aliments qui échapperaient à la taxe pourrait très bien mener à l’obésité.
Dans ce cas-ci, le problème n’est pas la consommation de gras ou de boissons sucrées. Le problème est que l’ensemble des contribuables doivent assumer les coûts reliés à un groupe d’individus qui ne fait pas attention à sa santé. Le problème est dû au fait qu’en raison du filet social, une bonne partie des obèses n’ont pas à assumer les coûts complets de leurs soins de santé. Pour eux, l’utilité de manger de la « junk food » est supérieure à la somme des coûts qu’ils doivent assumer pour le faire (une dégradation immédiate ou future de leur état de santé et une partie des frais médicaux).
La solution la plus efficace m’apparaît être la suivante: suite à un examen annuel (qui doit être fait de toute façon), un médecin évaluerait le niveau de santé de l’individu. Si l’individu ne fait pas attention à sa santé et présente un risque accru de tomber malade, on lui facturerait une sorte de sur-prime pour compenser les contribuables pour le risque accru. Comme pour n’importe quelle assurance, lorsque le risque est plus élevé, l’assureur doit être compensé par une prime plus élevée. Vous voulez éviter cette sur-prime? Faîtes attention à votre santé. Ainsi, on assure l’universalité des soins de santé, sans toutefois faire assumer à la collectivité les coûts sociaux engendrés par le comportement irresponsable de quelques individus. De plus, cette solution est relativement moins compliquée car il est plus facile d’établir si un individu est en bonne santé (prise de sang, pression, examen physique, test d’urine, calcul de l’indice de masse corporelle) que de décider quels aliments en particulier sont responsables de l’obésité.
Évidemment, la solution la plus drastique serait l’élimination totale du filet social, qui ferait en sorte que tous les individus seraient responsables de leurs actes. Cependant, je suis de ceux qui croient que l’universalité des soins de santé est un mal nécessaire. Trouvons donc une solution appropriée qui respecte les libertés individuelles et qui ne permettra pas à l’État de nous prendre encore plus de laine sur le dos pour financer son expansion.
« Par l’entremise des programmes Medicare et Medicaid, la moitié de ces coûts se retrouvent sur le dos des contribuables. »
Donc il faut supprimer ces programmes et laisser les gens se prendre en charge.
« suite à un examen annuel (qui doit être fait de toute façon) »
rectification: « qu’il serait raisonnable de faire » est plus juste, chacun s’assume, obliger les gens n’est pas respectueux des libertés individuelles.
Dans un libre marché, on peut imaginer qu’une des possibilités est que des gens font des dons à un ou des « fonds de santé » qui reversent l’argent par l’intermédiaire de « chéques-santé » aux bénéficiaires de ces fonds.
« Chéques-santé » qui ne peuvent qu’être utilisés afin de couvrir en partie ou en totalité le coût de l’assurance-santé choisie par les personnes.
Les gens restent libres de cotiser pour d’autres dans la mesure qu’ils souhaitent et tous peuvent choisir librement leur assurance, qu’en pensez-vous ?
On ne forcerait pas les gens à faire un examen. S’ils veulent être couvert par l’assurance-maladie gratuite pour les démunis, libre à eux de le faire.
Je ne suis pas sûr de comprendre votre idée. Vous proposez de compter sur des dons pour financer les soins de santé des démunis?
« Vous proposez de compter sur des dons pour financer les soins de santé des démunis? »
Tout à fait, ca me parait plus sensé que de compter sur le vol.
Donc vous prônez l’absence totale de filet social.
Une fois la réserve de dons épuisée, on refuse les gens aux portes des hôpitaux et on les laisse crever dans la rue au nom de l’allocation optimale des ressources?
Évidemment que l’universalité des soins de santé n’est pas optimale d’un point de vue économique et génère une perte sèche. Mais c’est un coût nécessaire selon moi. Il faut juste trouver des façons de minimiser ce coût en utilisant davantage le privé.
Je parlerai plus en détail du filet social dans un prochain billet. C’est un sujet très intéressant.
« Une fois la réserve de dons épuisée, on refuse les gens aux portes des hôpitaux et on les laisse crever dans la rue au nom de l’allocation optimale des ressources? »
Déjà les dons servent à payer des assurances santé qui à leur tour payent les éventuels frais d’hôpitaux, ce n’est pas le même tarif.
Ensuite les hôpitaux seraient libres dans leur gestion, libre à eux de prendre en charge des gens qui n’ont pas pu s’assurer y compris avec les dons.
Avant que la santé ne soit nationalisée dans nombre d’Etats, début XIX eme siècle et avant, il existait des hopitaux qui étaient entièrement financés par la charité, parfois par une seule personne, pour accueillir les gens qui n’avaient aucuns moyens.
Mais quand on taxe tout et tout le monde, il ne faut pas s’étonner que la réserve de dons s’épuise plus rapidement.
Finalement si la réserve de dons est épuisée, que les hôpitaux ne peuvent se permettre de prendre des clients gratuits, en quoi forcer les gens à payer va augmenter les ressources disponibles ?
Le résultat sera d’appauvrir ceux qui s’en sortaient tout juste et à les faire devenir des démunis.
Les personnes qui faisaient de la charité vont en faire moins car elles vont estimer qu’elles payent déjà via les taxes et les impôts et ca vous ne pouvez rien y faire, on ne peut forcer les gens et essayer de le faire ne donne que des résultats contraires.
En continuant dans cette voie et en taxant de plus en plus par des moyens directs ou détournés, au final les gens les plus à même de faire preuve de charité fuieraient le pays ou s’arrangeraient pour utiliser les failles du système pour ne pas payer faisant reposer de plus en plus le fardeau social sur ceux qui en ont besoin.
Sans changement de direction on arrive à un Etat qui fait payer de force les plus pauvres pour financer leurs propres frais de santé qui seront plus élevés car les gens penseront que « c’est gratuit », un Etat qui les obligera pour contrer cette élévation des coûts par des règles de plus en plus drastiques, controle obligatoire tous les ans, couverture annulée si le patient fume ou est surpris en train de manger au macdonald’s.
Des règles prévues POUR ne plus assurer de plus en plus de gens, qui ne bénéficieront plus de soins, qui crèveront devant les hôpitaux alors qu’ils continuent de payer les taxes.
Et avec l’augmentation des coûts, les gens qui paieront les taxes, se conformeront aux règles, devront repasser à la caisse car les soins « gratuits » ne sont pas rentables et qu’il faut que le client participe quand même un peu aux frais pour éviter les abus ou autre raison.
L’universalité des soins ca n’a jamais fonctionné, et encore moins par le vol car les gens réagissent à ce vol.
Sinon la nourriture c’est encore plus vital que la santé, pourtant des gens meurent de faim tout les jours y compris dans les pays développés, comment ce fait-ce ?
Si le filet social et le bien-être des gens est vraiment ce que vous voulez, alors dans votre logique il faudrait commencer par la nourriture parce qu’actuellement il n’y a pas d’universalité au Canada ou n’importe où ailleurs.
Sans soins, si on est pas malade on survivra, sans nourriture c’est pas la même chose.
C’est curieux de compatir à ceux qui potentiellement pourraient mourir devant les hôpitaux dans un libre marché sans qu’il soit avéré que ca arrive (alors que même dans un système public, des gens meurent dans les hôpitaux faute de soins), et de ne pas compatir à ceux qui actuellement meurent de faim, qui n’ont pas de quoi s’acheter à manger, qui n’ont pas d’assurance qui couvre leurs frais de nourriture et qui ne peuvent pas compter sur la charité car les ressources des gens sont siphonner par les taxes.
Je ne comprends pas la logique.
L’assurance-sociale assure en quelque sorte une certaine universalité de la nourriture… Il faut vraiment cracher sur le système et/ou être stupide pour crever de faim au Québec avec tous les programmes sociaux que nous offrons!
Je suis 100% d’accord avec votre raisonnement et c’est ce vers quoi une société minarchiste devrait tendre. Cependant, ça ne fonctionnerait pas à court terme. Je pense qu’il faudrait y aller étape-par-étape. On commencerait par privatiser graduellement le système de santé (et réduire la taille de l’État dans la plupart des domaines), ce qui permettrait de réduire les impôts. Laisser le temps au système de s’ajuster à la nouvelle réalité. Pour ne pas que ça fasse comme en URSS quand le communisme est tombé, les gens étaient complètement perdus. Ils ne comprenaient pas ce qu’était le profit, un salaire, etc.
À plus court terme, je persiste à penser qu’il faut préserver l’universalité des soins de santé et le filet social pour garder un certain soutien de la population qui en bénéficie le plus et éviter les émeutes. De toute façon, un gouvernement minarchiste aurait beaucoup de « gras » à couper avant d’en arriver là, éventuellement. Ce serait le dernier bastion de notre société d’État-providence.
« Il faut vraiment cracher sur le système et/ou être stupide pour crever de faim au Québec avec tous les programmes sociaux que nous offrons! »
Je ne suis pas d’accord, la stupidité est un critère très abstrait, quelqu’un de plus sévère pourrait dire que sans aide sociale, il faut vraiment être stupide pour ne pas subvenir à ses besoins avec toutes les opportunités que la vie donne.
La seule différence est la barre où l’on place la stupidité.
Sans avoir été confronté à certaines situations, cetaines personnes ne savent pas du tout comment réagir, le manque d’informations et l’inexpérience pourraient amener des gens à ne pas tirer profit de façon optimale de leur environnement mais je n’appelerai pas ça de la stupidité.
De plus, l’assurance sociale est le parfait exemple de ce que je disais, un filet social qui est soumis à critères. Vous ne remplissez pas les critères ? Circulez.
Même un revenu citoyen inconditionnel versé à tous est plus efficace, plus éthique, et distort moins le marché, mais si son financement est opéré par le vol, le problème n’est que partiellement résolu.
Si l’on ne pouvait faire que de légères modifications à la fois je serais plus partisan de cette solution, elle permettrait de ne laisser personne sur le côté, de supprimer toute une partie de la bureaucratie ainsi que les aides publiques à critères, le budget serait aussi plus lisible et prévisible.
« On commencerait par privatiser graduellement le système de santé »
Ah tout va bien alors, vous m’aviez fait peur, notez qu’un compromis social temporaire avec revenu citoyen inconditionnel pourrait permettre de privatiser plus rapidement l’ensemble de l’économie sans émeutes.
En effet, l’assurance-sociale est très injuste, trop bureaucratique. D’accord pour remplacer par revenu-citoyen.
Je crois que vous avez compris que mon billet visait à décrire une solution intermédiaire, et non la solution optimale.
@ Minarchiste
Considérez ceci: le besoin d’un filet social existe principalement pour contrer les effets pervers des interventions de l’état dans l’économie.
Par exemple, nous avons besoin de l’assurance chômage et du BS parce que les intervention de l’état dans le marché du travail (salaire minimum, formule Rand) causent du chômage institutionnel. En laissant le marché fonctionner, très peu auraient besoin du filet social et les cas vraiment désespérés seraient pris en charge par des organisme de charité.