S’il y a une chose dont les Keynesiens parlent depuis plusieurs mois, Paul Krugman en tête de liste, c’est bien de la trappe à liquidité (liquidity trap):
The term liquidity trap is used in Keynesian economics to refer to a situation where the demand for money becomes infinitely elastic, i.e. where the demand curve is horizontal, so that further injections of money into the economy will not serve to further lower interest rates. Under the narrow version of Keynesian theory in which this arises, it is specified that monetary policy affects the economy only through its effect on interest rates. Therefore, if the economy enters a liquidity trap area — and further increases in the money stock will fail to further lower interest rates — monetary policy will be unable to stimulate the economy.
Ainsi, la trappe à liquidité survient lorsque même un taux directeur à la banque centrale frôlant les 0% n’arrive pas à stimuler l’économie. L’explication est simple: même si les taux d’intérêt sont bas, les individus et entreprises ne veulent pas s’endetter pour dépenser (ils l’ont déjà trop fait durant le boum). Ils sont déjà fort endettés, leur confiance est faible et plusieurs sont au chômage. Le remède keynesien à ce problème est donc le plan de relance. Le gouvernement nous dit essentiellement: « puisque vous ne voulez pas vous endetter pour dépenser, nous allons le faire à votre place ». Ensuite, on se croise les doigts et on prie pour qu’un autre des concepts keynesiens, le multiplicateur, fasse son effet. Jusqu’à maintenant, cette recette n’a jamais fonctionné, mais devant cet échec, les keynesiens se plaignent que les plans de relance n’étaient tout simplement pas assez gros…
Ceci étant dit, plutôt que de reconnaître l’absurdité de leurs politiques, les keynesiens continuent à faire la démonstration de leur stupidité. Selon l’économiste en chef de l’IMF, Olivier Blanchard, lequel est secondé par Paul Krugman à cet égard, propose que les banques centrales adoptent une cible d’inflation plus élevée (4% plutôt que 2% aux États-Unis), ce qui mènerait à un taux directeur supérieur. Cela permettrait à la banque centrale de couper davantage son taux directeur durant la récession et ainsi d’éviter la trappe de liquidité.
C’est n’importe quoi! Pour avoir de l’inflation plus élevée, il faut créer de la monnaie, ce qui met une pression à la baisse sur les taux d’intérêt; il est donc impossible d’avoir à la fois une cible d’inflation et un taux directeur plus élevés! Pour atteindre une cible d’inflation de 4%, la Federal Reserve aurait eu à créer encore plus de monnaie durant les années 2000s, ce qui aurait eu un effet à la baisse sur les taux d’intérêt et aurait résulté en une bulle encore plus imposante.
Ce genre de déclaration frôlant l’imbécilité n’est pas surprenante venant de Blanchard, lui qui avait publié en 2008 (juste avant la débâcle de Lehman Brothers) une étude intitulée The State of Macro dans laquelle il concluait que l’économie était en santé et que tout allait bien…
Je suppose que cette proposition sera aussi appuyée par Joseph Stiglitz, un autre keynesien qui a fait un fou de lui il y a quelques années. En 2002, des gens ont exprimé leurs inquiétudes sur la santé financière de Fannie Mae et Freddie Mac. Pour plusieurs, l’implication de ces deux entreprises parapubliques dans le marché des subprimes mettait en péril leur existence. Pour répondre à ses détracteurs, Fannie Mae et Freddie Mac ont demandé à Joseph Stiglitz d’évaluer la probabilité de voir ces deux entreprises connaître des difficultés financières. Selon Stiglitz, la probabilité de voir le gouvernement être obligé de sauver Fannie Mae et Freddie Mac avec l’argent des contribuables se situait entre 1/500 000 et 1/3 000 000. Bravo M. Stiglitz!
Le vrai problème des banques centrales:
Le problème des banques centrales est qu’elles sont programmées pour générer de l’inflation. Leur objectif est un taux d’inflation « stable », mais positif! Et en se concentrant sur l’inflation mesurée par les prix à la consommation, elles manquent complètement ce qui se passe sur les marchés financiers.
Par exemple, durant les années 2000s, les prix à la consommations ont été maintenus bas en raison des gains de productivité et des importations bon marché de la Chine. Pendant ce temps, pour contrer ces sources de déflation, la Federal Reserve a dû créer beaucoup de monnaie pour atteindre sa cible d’inflation de 2%, créant ainsi une bulle sur les marchés financiers et une mauvaise allocation des ressources dans l’économie. Cette orientation politique erronnée est le résultat de l’aversion pathétique des keynesiens pour la déflation, même si celle-ci provient de gains de productivité augmentant notre pouvoir d’achat.
Serait-il possible pour une banque centrale de mener une politique monétaire permettant des prix stables et des marchés financiers en équilibre (sans bulles)? Non! Et ce pour les même raison que le communisme et la planification centrale de l’économie ne fonctionnent pas; le libre-marché est la meilleure façon d’allouer les ressources et de déterminer les prix dans l’économie, y compris les taux d’intérêts, lesquels sont le prix de l’argent dans le temps.
Conclusion:
La déflation qui suit l’éclatement d’une bulle inflationniste est certes douloureuse et pénible, mais elle est aussi inévitable que nécessaire. Tenter de regonfler la bulle par une politique monétaire ultra-expansionniste est une recette désastreuse qui ne fera qu’empirer les choses et prolonger le supplice.
La trappe à liquidité est un concept absurde, tout comme le reste des idées keynesiennes d’ailleurs. En fait, je dirais que c’est la preuve de l’échec des idées de Keynes. La réalité est que le libre-marché serait le meilleur mécanisme de gestion de la politique monétaire, pas un groupe d’individus réuni en comité.
Avant de taper sans discernement sur tout ce qui bouge, vous feriez bien de lire ceci:
http://worthwhile.typepad.com/worthwhile_canadian_initi/2009/11/interest-rate-targeting-as-a-social-construction.html
@Fred
Ce texte implique que la Fed devrait définir sa politique monétaire par une augmentation de la masse monétaire plutôt que son influence sur les taux d’intérêt, ce qui revient grosso modo à la même chose, mais vu la différence rhétorique, aurait un impact psychologique différent sur les marchés monétaires; ai-je bien compris?
C’est un peu futile comme débat étant donné mon aversion à l’égard de l’existence même d’une politique monétaire, d’une cible d’inflation et de la création de monnaie ex nihilo…
Où voulez-vous en venir?
J’ai posté ceci car votre réfutation de Blanchard ne tient pas debout.
Si la cible d’inflation avait été de 4%, les taux d’intérêt nominaux auraient été 2% plus haut en période normale.
Les raisons pour lesquelles on peut être contre la proposition de Blanchard sont:
_une politique monétaire non conventionnelle est tout-à-fait à même de produire des effets une fois que le taux d’intérêt directeur est à 0%.
_changer la cible d’inflation de façon permanente aurait un effet redistributif énorme pour les financements à long terme et il est probable que les marchés demanderaient par la suite une prime de risque importante.
Ensuite, ce n’est pas le niveau de la masse monétaire mais celui des prix (votre position pro étalon-or revient de fait à fixer la masse monétaire) que ce post ce propose de fixer, ce qui est très différent.
@Fred
« Si la cible d’inflation avait été de 4%, les taux d’intérêt nominaux auraient été 2% plus haut en période normale. »
Non!
Disons que vous êtes Bernanke et que l’inflation tourne à 2% et que vous voulez l’augmenter à 4%, que faîtes-vous?
Vous imprimez de la monnaie, ce qui aura un effet à la baisse sur les taux d’intérêt….le contraire de ce que Blanchard veut accomplir!
Ce faisant, vous créez un boum encore plus prononcé….et un cycle encore plus violent.
Vous n’avez pas compris que le texte que je vous ai envoyé.
Dans un premier temps, le taux directeur serait sans doute amené à baisser pour prouver que ce ne sont pas des paroles en l’air (mais ce n’est même pas sûr). Mais il remonterai ensuite rapidement car personne ne veut d’une monnaie qui se déprécie de 4% par an. À moins qu’on d’avoir un taux substantiel.
(Je vais vous faire une révélation. Lors des hyperinflations, la masse monétaire réelle baisse. Et lors des déflations, la masse monétaire réelle augmente.)
En matière de monnaie, les anticipations jouent un rôle clé (cf Lucas ).
Et si vous n’êtes pas convaincu, regardez l’historique des taux directeurs de la FED:
http://en.wikipedia.org/wiki/File:Federal_Funds_Rate_1954_thru_2009_effective.svg
Vous voyez que lors des années 70 (période d’inflation), le taux d’intérêt était élevé.
Autre exemple, le taux d’intérêt de la banque du Zimbabwe était de 30000% au plus fort de l’hyperinflation. Seulement taux réel était bien sûr fortement négatif.
@Fred
« Lors des hyperinflations, la masse monétaire réelle baisse. Et lors des déflations, la masse monétaire réelle augmente.) »
Pendant ou après? Je dirais plutôt que c’est en réation à l’hyperinflation que la masse monétaire baisse, parce que la banque centrale tente de stopper l’hyperinflation.
« Vous voyez que lors des années 70 (période d’inflation), le taux d’intérêt était élevé. »
Même raisonnement. Observez la masse monétaire durant cette période.
J’ai déjà écrit sur cette période:
L’explication néo-keynesienne populaire veut que la Grande Inflation des années 70s a été causée par une spirale des salaires (les hausses de salaires augmentaient les coûts des entreprises, lesquelles passaient ces hausses de coûts à leurs consommateurs en haussant les prix, ce qui faisait en sorte que les employés demandaint des augmentations de salaires pour contrer la hausse des prix, ainsi de suite).
Il ne peut en être ainsi puisque lorsque le prix d’un bien augmente, la population devra y consacrer une plus grosse partie de son revenu, ce qui laisse moins d’argent pour d’autres biens, ce qui fera baisser le prix de ces autres biens. Ainsi, il ne peut y avoir de hausse générale des prix que s’il y a une augmentation de la quantité de monnaie dans l’économie, laquelle permet à tous les prix d’augmenter.
À cette époque, le gouvernement et la Fed ayant embrassé le keynesiannisme, ceux-ci visaient un taux de chômage inférieur à 2%, et ce à n’importe quel prix. Pour ce faire, le gouvernement dépensait sans relâche avec de l’argent nouvellement créé par la Fed. Dans les années 1950s, qui furent très prospères en raison de l’après-guerre, la masse monétaire a augmenté de 23%. Durant les années 1960s, celle-ci a augmenté de 44%. Dans les années 1970s, elle a augmenté de 78%! C’est de là qu’est venue l’inflation.
Et toc! C’est la poule qui pond l’oeuf et pas le contraire. Comme le taux de CO2 est la conséquence de l’élévation de température et non la cause.
C’est bien pendant l’hyperinflation que la masse monétaire *réelle* baisse. Tout simplement car les presses gouvernementales n’arrivent pas à aller aussi vite que la dépréciation de la monnaie. Bien évidemment, ce sont bien ces presses qui sont la cause de l’hyperinflation, aucun doute là-dessus.
Bien sûr que des taux *réels* bas peuvent provoquer de l’inflation. Mais on ne peut rien déduire de taux nominaux.
Ensuite, on ne peut pas déduire de la masse monétaire le niveau général des prix: il faut aussi connaître:
_la vitesse de circulation,
_la production du pays concerné.
La masse monétaire peut très bien augmenter fortement malgré des taux nominaux élevés. L’inflation anticipée doit être retranchée à ces taux.
Sinon, pour votre post sur la stagflation, personne n’a conteste que la banque centrale puisse mettre fin à l’inflation. Ce qui est contesté, c’est qu’elle puisse le faire sans faire monter le chômage comme ce qui s’est produit en 1981.
Le gouvernement injecte de l’argent afin de stimuler l’économie au lieu de la population qui chigne à le faire .
Sauf que ce que je perçois, est que les banques empruntent à 0,25% pour replacer ces sommes en bons du trésor à un taux beaucoup plus élevé.
Dans mon livre à moi, ce n’est pas l’économie réelle qui en profite, mais seulement les banquiers. Le résultat à moyen terme, les banques se renflouent aisément et sans risque tandis que le pays s’enfonce dans une dette énorme.
Viendra tôt ou tard les impôts pour réduire cette dette. Les Banksters vont-ils nous aider ?
Suis-je dans le champ ?
@Pierre Bourdon
« Suis-je dans le champ ? »
Non, je pense que c’est à peu près ça.
@Pierre Boudon:
Hormis pour certains états de la zone euro, l’écart entre le taux de refinancement des banques et les taux des obligations à court terme des états est négligeable.
@Fred
« es taux des obligations à court terme des états »
Est-ce que les États émettent des obligations à court terme en ce moment? Pas vraiment…
@ minarchiste
C’est bien ce que j’ai lu ici et là, entre autre:
Extrait de La Chronique Agora
Le 20 Mars 2009
** Parallèlement, la Fed a ajouté que, « pour améliorer les conditions sur les marchés privés du crédit, le Comité a décidé d’acheter jusqu’à 300 milliards de dollars de titres du Trésor à plus long terme au cours des six prochains mois ».